Il n’y a pas qu’aux Territoires du Nord-Ouest que le recrutement et la rétention de professionnels de la santé bilingues suscitent une problématique. C’est un enjeu dans pratiquement toutes les communautés francophones en situation de minorité au Canada.
Le dossier est tellement préoccupant que la Société Santé en français (SSF) – organisme qui a pour mission de promouvoir les services de santé francophone dans les communautés minoritaires – a décidé d’en faire sa thématique lors du 4e Rendez-Vous Santé en français qui se déroule à Edmonton du 13 au 16 février.
Cet important colloque qui regroupera des intervenants de tous les milieux de la santé vise une mobilisation des communautés francophones en trouvant des moyens efficaces pour faire face à la pénurie de professionnels de la santé et identifier des solutions selon chaque région.
« On va essayer de voir quelles sont les meilleures stratégies à prendre pour faciliter le recrutement et comment retenir et maintenir la main d’œuvre professionnel francophone », a résumé Jean de Dieu Tuyishime, coordonnateur du Réseau TNO Santé en français, tout juste avant son départ pour Edmonton.
Le représentant ténois concède que la situation des ressources humaines en santé, très difficile sur le territoire, n’est pas plus rose chez nos compatriotes des autres provinces et territoires. « C’est vraiment un très grand problème maintenant dans les communautés francophones. Nous n’avons pas les ressources nécessaires pour offrir les services de santé en français. Nous savons déjà que juste trouver des professionnels de santé, tout court, de façon générale, ce n’est pas donné. C’est encore plus difficile quand ils doivent être bilingues », a-t-il indiqué.
Mais ce dernier ne cache pas que la situation est encore plus problématique dans le Nord dû au facteur non négligeable de l’éloignement. « Nous avons beaucoup, beaucoup de défis. Donc, nous devons être vraiment ingénieux pour trouver », a raconté M. Tuyishime. Par ailleurs, le coordonnateur du Réseau TNO Santé signale qu’il faut aussi se pencher sur les réalités de nos professionnels francophones dans leur milieu de travail ici aux TNO. « Nous avons constaté que, même le fait d’être francophone et professionnel de la santé, ce n’est pas nécessairement ça qui va les inciter à offrir des services en français. Soit qu’ils ne se sentent pas à l’aise d’être identifié comme professionnel de santé francophone, soit qu’il ne bénéficie pas de prime [de bilinguisme] et que ça ne leur tente pas. Donc, il faut vraiment trouver des façons pour les rejoindre et les valoriser dans la communauté », a-t-il expliqué.
Pour revenir à l’événement de cette semaine, plusieurs ateliers et conférences sont présentés aux quelque 300 participants. L’ancien premier ministre du Nouveau-Brunswick, Bernard Lord, était d’ailleurs le conférencier d’honneur lors de la journée du 15 février. Les ministres de la Santé du Manitoba et du Nouveau-Brunswick devaient aussi être de l’événement. On retrouvera cinq catégories d’intervenants à ce colloque, soit des représentants gouvernementaux, des gestionnaires d’établissement de santé, des professionnels de la santé, des représentants d’institutions de formation et des gens oeuvrant en santé dans le secteur communautaire.
