Le vendredi 15 février, un rapport alarmant sur l’impact environnemental des opérations d’extraction des sables bitumineux a été présenté publiquement à Ottawa. À travers de l’énumération des préjudices affligés à toute la population canadienne, ce rapport révèle la responsabilité du gouvernement envers cette catastrophe écologique qui est jugée dans le document comme un déversement pétrolier au ralenti plus néfaste encore que la marée noire de l’Exxon Valdez en 1989.
Le rapport, publié par l’organisation non gouvernementale Environemental Defence, donne une véritable base pour corréler les nombreuses atteintes à la santé humaine notées chez les communautés de la région de l’Athabaska et les opérations d’extraction pétrolière situées en amont de cette rivière au niveau de Fort McMurray. Christopher Hatch, l’un des deux auteurs du rapport explique en entrevue que les résidus issus des sables bitumineux se retrouvent dans le réseau fluvial du nord. « Nous connaissons l’existence de matières toxiques comme le mercure et des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP). Des études ont démontré que ces taux sont désormais considérablement dangereux dans la rivière et le delta Athabaska. Nous savons aussi que si contrôle il y a, ce n’est que de la poudre aux yeux. Les structures mises en place par le gouvernement pour vérifier ces niveaux ne sont vouées qu’à ne rien remarquer. Pour ce qui est de l’état de la situation dans le Nord et surtout le long du Fleuve Mackenzie, rien n’a été fait encore », commente-t-il.
Même après ce constat inquiétant, Christopher Hacth est capable de trouver pire en énumérant les dangers que réservent les lacs de décantations de Fort McMurray. « C’est le plus grand barrage du monde, mais il est exclusivement réservé à retenir les boues issues de l’extraction minière. À travers le monde, ces lacs ont été documentés comme susceptibles de se fissurer. Laissant béant la chance de voir le plus large bassin toxique au monde se déverser jusqu’à l’océan Arctique. »
Si l’industrie des sables bitumineux en Alberta a débuté dans les années 60, ce n’est que depuis l’augmentation du prix du baril de pétrole, que cette exploitation est devenue viable et même rentable. Les lois réglementant cette activité existent, mais d’après ce rapport, elles ne sont pas mises en œuvre. « Le gouvernement n’applique pas les règlements depuis une bonne dizaine d’années. Le gouvernement actuel ne donne aucun signe de vouloir freiner l’expansion de Fort McMurray, et préfère prendre en otage l’ensemble des Canadiens plutôt que d’obliger les compagnies pétrolières à nettoyer leur pollution et à arrêter la course au profit aux dépens de notre santé à tous. C’est un véritable cycle d’expansion et de ralentissement à prévoir pour les compagnies pétrolières en Alberta. Si au moins comme en Finlande l’argent était mis de côté dans fonds du patrimoine, mais malheureusement les gouvernements ont hypothéqué notre passé, notre présent et notre futur dans cette tragédie », analyse Christopher Hatch.
