L’Office des terres et des eaux de la vallée du Mackenzie (OTEVM) a statué que le plan de restauration de la mine Giant, soumis en octobre dernier par le ministère des Affaires indiennes et du Nord du Canada et le gouvernement territorial, ne requérait pas une évaluation environnementale.
Selon l’organisme, qui a notamment la responsabilité d’accorder un permis d’utilisation des eaux pour l’exécution du plan de nettoyage, les consultations des derniers mois n’ont pas démontré le besoin de faire cette démarche supplémentaire. « Il n’y a pas eu d’inquiétudes communiquées à l’Office comme quoi il y avait une nécessité d’aller chercher des informations plus poussées avec une évaluation environnementale », a indiqué le coordonnateur James Boraski, qui a commenté le dossier en l’absence de la directrice exécutive de l’OTEVM.
Il ajoute que les discussions sur les méthodes à privilégier pour l’assainissement de la mine Giant sont entamées depuis cinq ans et que la question a déjà été bien étudiée. « Pendant cette période de révision par des experts, il n’y a rien qui a indiqué que quelque chose de substantiel serait sorti d’une évaluation environnementale », a continué M. Boraski.
Rappelons que le plan de restauration de 300 millions $ annoncé par les deux paliers de gouvernement à l’automne prévoit une congélation dans des chambres souterraines des 237 000 tonnes de poussières de trioxyde d’arsenic et autres résidus toxiques, présents actuellement sur le site de la mine Giant. Le plan envisage également la démolition d’une centaine de bâtiments sur place, le remplissage et le recouvrement de plusieurs fosses à ciel ouvert et le recouvrement de 95 hectares de résidus.
La congélation complète de l’arsenic devrait nécessiter près de dix ans. Suivra ensuite une période perpétuelle de surveillance et d’entretien du site. La mine Giant, située en périphérie de Yellowknife, a été en opération de 1948 à 1999.
Opposition
L’ancien conseiller municipal à Yellowknife, Kevin O’Reilly, qui a toujours suivi de près ce dossier, s’insurge contre la décision de l’OTEVM de ne pas demander d’étude d’impact environnemental dans un projet aussi majeur et qui aura des répercussions sur plusieurs générations à venir.
Selon lui, de nombreuses questions demeurent sans réponse dans ce projet. En premier lieu, le mécanisme de surveillance dans le plan du ministère des Affaires indiennes et du Nord est très vague. « Il n’y a que trois paragraphes. Ça ne dit pas où ils vont faire la surveillance? Qu’est-ce qu’ils vont surveiller? À quelle fréquence? », a affirmé M. O’Reilly. Il dénonce aussi que le ministère n’ait pas prévu de fonds pour faire des recherches et du développement pour trouver de meilleures façons de gérer l’arsenic. « Il n’y a pas eu d’engagement pour faire ce genre de travail, pas d’argent qu’ils veulent mettre de côté et dépenser là-dessus dans le futur. Il n’y a rien! », a poursuivi celui qui est établi à Yellowknife depuis 22 ans. Troisièmement, Kevin O’Reilly se désole de voir que le promoteur qui sera en charge du nettoyage ainsi que les inspecteurs attitrés n’auront aucune indépendance face au ministère, d’où une possibilité de conflit d’intérêts.
« Je pourrais être capable de vivre avec l’option de la congélation, mais il faudrait que ces trois points-là soient réglés », a-t-il jugé. Ce dernier a toujours privilégié dans le dossier de la mine Giant l’extraction de l’arsenic en surface afin qu’il soit traité et décontaminé pour ensuite être remis en place et possiblement congelé.
« C’est l’option la moins dispendieuse que le gouvernement a ressortie. Je pense que c’est ça qui a mené à cette option [de la simple congélation] », a déploré M. O’Reilly. Il insiste que les décideurs n’ont pas pensé au bien-être des générations futures en choisissant un tel procédé.
