Les nouvelles données qui indiquent une hausse de la superficie glaciaire dans l’Arctique cet hiver n’ont rien de bien réjouissantes, selon l’un des chercheurs impliqués.
Dans la plus récente étude annuelle du National Snow and Ice Data Center (NSIDC), de l’Université du Colorado, on a noté que la superficie maximale de glace enregistrée dans la région arctique lors de l’hiver 2007-2008 a atteint les 15,21 millions km2 au cours du mois de mars 2008, ce qui représente 780 000 km2 de plus que le niveau maximum de 2006, le plus bas jamais répertorié.
Cette augmentation, à première vue encourageante, est aussitôt obscurcie lorsque les auteurs de l’étude font remarquer que la superficie maximale de cette année est encore à 540 000 km2 en dessous de la moyenne enregistrée au cours de la période 1979-2000.
« C’est mieux qu’avoir une diminution, je suppose, mais les choses continuent de ne pas bien regarder pour l’été et dans le futur. Ça ne renverse pas vraiment la tendance à long terme de se diriger vers des étés sans glace dans l’Arctique », a soutenu Walt Meier, chercheur au NSIDC.
Ce dernier fait également remarquer que les données de l’étude sont trompeuses, car une partie très importante de cette glace nouvellement formée est considérée comme « très mince ». Pour le chercheur, l’épaisseur de la glace et non la superficie totale est l’indicateur le plus important à considérer dans ce type de recherche.
« Il y a moins de glace plus âgée [et plus épaisse] qui reste. La grande majorité est de la glace plus jeune qui s’est formée depuis la fin de la saison de la fonte. Cette glace sera plus vulnérable à fondre cet été », a-t-il prévenu.
M. Meier précise qu’une étendue de glace est considérée mince lorsqu’elle se situe entre 1 et 1,5 mètre d’épaisseur, comme c’est souvent le cas pour la glace de moins d’un an. En revanche, la glace plus âgée, qui s’est formée au fil des ans, atteint des épaisseurs de 3 ou 4 mètres en moyenne.
Vers un autre record?
Le scientifique n’écarte pas la possibilité que le record de septembre 2007 pour la moins grande quantité de glace enregistrée dans l’Arctique (4,13 millions km2) soit battu à nouveau cette année, surtout si nous connaissons un été 2008 semblable à celui de l’an dernier. « Si c’est aussi chaud et ensoleillé et que le vent est encore contre nous en faisant bouger la glace et détacher des parties, nous pourrions pratiquement battre un nouveau record cette année ou passer bien près », a-t-il révélé.
C’est un hiver plus froid dans la région polaire et sur le continent nord-américain en général qui explique cette plus grande présence de glace cet hiver dans l’Arctique. Walt Meier explique qu’il faudrait plusieurs hivers consécutifs de ce genre pour que la glace revienne à son niveau des dernières décennies, mais il se permet d’en douter en cette ère de réchauffement planétaire.
« Il y a encore beaucoup de chemin à faire. […] Nous sommes toujours bien au-dessus des moyennes pour la température et bien en dessous pour la glace par rapport aux années 1980 et 1990 et la glace est plus de plus en mince. Donc, en général, c’est toujours en déclin », a répété M. Meier.
Rappelons que de nombreuses études effectuées ces dernières années dressent un constat alarmant de la situation dans l’Arctique. En décembre 2006, une équipe de chercheurs universitaires avait même établi que d’ici 2040, la glace pourrait complètement disparaître de l’Arctique en été si la croissance des émissions de gaz à effet de serre continuait au même rythme.
