De passage dans le Nord pour un contrat de six mois, Gisèle Décoeur-Lafrance laissera pourtant un véritable legs à l’ensemble de l’école francophone de Hay River. Cette orthopédagogue travaille depuis le mois de janvier à l’école Boréale pour transmettre une autre stratégie d’enseignement qui répond aux trois styles d’apprentissage: auditif, visuel et kinesthésique.
La méthode phonétique et gestuelle sur laquelle se base Mme Décoeur-Lafrance a été élaborée pour combler le manque d’outils disponibles aux apprenants qui se fient plus sur les gestes et le mouvement plutôt que ce qu’ils entendent ou voient. « Pour les élèves kinesthésiques, ce sont les signes qui leur disent quelque chose, commente-t-elle. Avec la méthode, ils intègrent un geste qui est associé à la phonétique. Ils décomposent chaque mot avec les différents signes associés aux sons et peuvent ainsi maîtriser leur prononciation lors de la lecture et améliorer l’orthographe lors de la rédaction. »
Cette Franco-ontarienne possède plus de 27 ans d’expérience sur le plancher des classes et de la direction d’école. Elle détient une armada de petits conseils, de trucs pédagogiques qui s’appliquent à toutes sortes de situations. Dévouée, elle donnerait tout son temps pour les élèves qui font l’effort pour réussir. Exigeante, elle ne laissera pas un élève dire qu’il n’est pas capable. « J’ai ma façon de faire avec les élèves. Tout d’abord, c’est un travail personnalisé que j’effectue avec elle ou lui. Un cheminement en rapport où l’élève est rendu dans son apprentissage. Je travaille avec les forces de l’élève et avec ses faiblesses. S’il n’y a pas la base nécessaire, je repars de zéro pour reconstruire des bases solides et durables sur lesquelles l’enfant pourra construire sa confiance et son estime. » Mme Décoeur-Lafrance explique qu’elle recherche le 90 % chez les apprenants. Elle simplifie les règles pour mettre l’emphase sur les choses générales. Par exemple, pour conjuguer un participe passé après les auxiliaires avoir ou être, elle suggère à l’élève de se rappeler que dans le mot être il y a des e, ainsi le participe passé s’accorde avec le sujet. Dans le mot avoir, il n’y a pas de e, alors le verbe ne s’accorde pas avec le sujet sauf si le mot que est à coté de l’auxiliaire. « Je ne leur raconte pas toute l’histoire compliquée, je la simplifie pour qu’ils possèdent des outils pour comprendre la base. Par la suite, ils passeront à une autre étape et appliqueront les autres règles de la langue », confie-t-elle.
Bénéfices pour tous
Pour qu’elle puisse adresser les difficultés de l’école aussi rapidement, la direction de l’école Boréale avait fourni à Gisèle Décoeur-Lafrance une liste précise des défis à relever. « Gisèle est venue nous soulager sur des points essentiels que nous avions bien cernés, mais avec lesquels nous avions de la difficulté, explique Sophie Call. Pour nous c’était clair, notre priorité était l’apprentissage à la lecture. Grâce à son expérience et son approche, Gisèle a aidé certains élèves à régler des problèmes persistants, mais aussi elle a réussi à transmettre ses outils à l’équipe école. » Pour la directrice de l’école Boréale, un des aspects les plus importants du travail cette orthopédagogue, c’est le transfert d’expérience à tous les titulaires. Mme Call se réjouit des outils intégrés dans les classes qui permettent à des élèves d’apprendre comme ils apprennent le mieux. « Plusieurs des parents concernés par le travail qu’a effectué Gisèle avec leurs enfants sont très satisfaits de cette évolution. L’école dans son ensemble est maintenant capable d’offrir un service qui répond aux besoins de certains élèves. Cet apprentissage influence leurs progrès à tous les niveaux. »
Chaque semaine, l’équipe-école boréale se réunit pour partager les problèmes, les réussites ou les défis qui peuvent être rencontrés en classe. Sous une formule appelée la communauté d’apprentissage professionnel (CAP), les enseignants partagent leurs expériences pour le bien fait de l’école. Ainsi trois fois par mois, Gisèle Décoeur-Lafrance intervient dans les CAP pour fournir aux titulaires de classes tous les outils pour intégrer la méthode gestuelle au sein de leur enseignement. « Le respect que démontre Gisèle et sa façon d’aborder les concepts d’apprentissage permettent un partage fantastique de ces connaissances. C’est une bonne façon d’assurer la continuité d’un travail au sein de l’école », déclare Sophie Call. Pour le reste de l’année, Gisèle Décoeur-Lafrance continuera son travail auprès des élèves, mais travaillera en proche collaboration avec les titulaires de classes sur une autre priorité fixée par l’école francophone : les mathématiques. Une image du niveau de chaque classe sera élaborée pour permettre aux enseignants de former des sous-groupes d’élèves pour travailler avec les forces et les faiblesses de chacun. Une approche personnalisée qui se veut contre le nivelage de l’apprentissage au sein d’une classe.
