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le Vendredi 9 mai 2008 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:36 Politique

Enjeux de l’Arctique: Conférence entre les cinq pays côtiers

Enjeux de l’Arctique: Conférence entre les cinq pays côtiers
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Le mois d’avril 2008 a vu le gouvernement danois mettre de l’avant l’intention de réunir les cinq pays nantis du littoral qui ceinture l’océan Arctique. Ainsi, le Canada, les États-Unis, la Russie et la Norvège ont été invités à participer à la Conférence sur l’océan Arctique qui se déroulera du 27 au 29 mai prochain dans la ville d’Ilulissat au Groenland en territoire danois.

Le consul de l’ambassade danoise au Canada, Poul Kristensen, a relaté à L’Aquilon que le gouvernement danois observait depuis longtemps ce qui se passait dans l’Arctique et qu’il s’inquiétait. « Il est temps que les états côtiers de l’océan Arctique se rencontrent autour d’une table et ouvrent un dialogue politique », a-t-il déclaré. Pour lui, cette initiative lancée par le gouvernement de Copenhague et le gouvernement responsable du Groenland, réitère les appréhensions constatées particulièrement auprès du peuple groenlandais.

Pour Michael Byers, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en politique et droit internationaux, cette conférence est vraiment un préliminaire : une session brise-glace sans faire de jeu de mots. « La seule chose que j’espère, dit-il, c’est une reconnaissance générale de la valeur du processus de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM) comme une voie permettant de résoudre de façon équitable et pacifique les litiges sur les revendications territoriales de l’Arctique. Pour moi c’est une première étape, les détails pourront être traités ultérieurement par les diplomates plutôt que par les politiciens. »

Opportunités et défis

Le gouvernement danois a modelé cette rencontre autour de deux charnières: la structure légale et la coopération opérationnelle. La première ayant effectivement pour but de réaffirmer la suprématie des traités en place, renforcera l’idée que l’océan Arctique se soustrait sans équivoque à la souveraineté des états de la région et qu’il n’y a ainsi nullement besoin d’un régime légal global. La seconde, prioritairement dirigée vers la planification autour des activités commerciales polaires, demandera beaucoup de collaboration internationale.

Selon Poul Kristensen, les principaux défis qu’offre l’océan Arctique avec la fonte de ses glaces sont de réussir à perpétrer des activités commerciales en s’assurant de les faire de façon renouvelable et respectueuse de l’environnement et d’y inclure le plus possible les communautés autochtones.

« Il y a vraiment urgence à s’entendre comment agir là-haut. Comment explorerons-nous et plus tard exploiterons-nous ces ressources naturelles? Comment devons-nous étendre ou développer les lois régissant la navigation commerciale? Lorsque le tourisme se développera inévitablement, comment allons-nous coopérer aux fins des capacités de recherche et sauvetage », s’est questionné le Consul.

Dans 20 à 40 ans

Ce futur est certes incertain, mais il est normal de croire que l’océan Arctique puisse générer beaucoup de tensions. Il suffit de prendre exemple du passage du Nord-Ouest où personne ne remet en cause l’identité canadienne de ce détroit. Il reste que le doute plane encore sur la condition soit domestique, soit internationale de ses eaux. Une incertitude qui pèse lourd dans les négociations commerciales internationales. Pour le représentant de Copenhague à Ottawa, c’est la même chose pour l’océan Arctique: « Il va aussi falloir décider qui administre les lois pour la navigation commerciale. Dans quelques décennies, on va voir des navires commerciaux traverser l’océan. L’Europe et l’Asie seront beaucoup plus proche avec cette nouvelle voie maritime. Même s’il est nécessaire d’avoir une fonte complète de la glace pour voir un vrai système de navigation commerciale mis en place, il y aura sûrement des transports intermittents avant ça. »

Le porte-parole des Affaires étrangères et du Commerce international du Canada, Bernard Nguyen, a confirmé que le Canada avait bien reçu une invitation à la conférence d’Ilulissat. Au moment de l’entrevue, il était encore trop tôt pour le Canada pour estimer l’ampleur de sa délégation désignée à prendre part à l’unique journée dédiée aux discussions des cinq pays côtiers, le 28 mai 2008.