Regroupés autour de la murale, dans la petite ruelle qui sépare les bureaux de l’Association franco-culturelle de Hay River et le magasin Fields, des jeunes de 12 à 17 ans se parlent et s’amusent en deux langues : en anglais et en français.
Ces jeunes ont lu le communiqué de presse distribué dans les boîtes aux lettres ce matin. Rédigé et publié par le Conseil scolaire de division du Slave Sud de Hay River, le texte regroupe 16 articles dont la moitié accusent agressivement l’école Boréale de plusieurs méfaits.
L’un des ados, anglophone, lance à une amie francophone : « Ça me ferait plaisir de te voir à DJ cette année. » Un autre souligne « Ca m’est complètement égal leurs histoires aux adultes, ça ne change pas notre vie, ça ne changera pas l’amitié qu’il y a entre nous. » Il garde le silence un moment puis ajoute : « Ces gens qui se battent entre eux pour de la place dans une école, ces gens agissent comme des bandits, comme des criminels. » Une jeune fille ajoute : « Parce qu’au fond, il s’agit que de trois classes. Et à DJ on n’utilise jamais toutes les salles de cours. La plupart des salles sont vides. »
L’amie francophone en question laisse aller ses sentiments : « Nous, on n’a jamais demandé à aller à DJ . Personnellement je trouvais que le High Rise c’était une bonne solution. Mais plus ça va plus il y a des séparations, elles sont déjà là… avant on faisait des choses avec les écoles anglophones, maintenant on ne peut plus. Les Expo-sciences, par exemple, on est obligés de les faire avec ceux de Yellowknife. Combien d’argent on utilise en voyages comme ça qu’on pourrait utiliser autrement ? Et puis, ce qu’ils ne disent pas dans le communiqué, c’est combien d’élèves ils ont perdu les anglophones ici à cause de la mauvaise qualité de l’éducation scolaire, et combien d’élèves sont partis ailleurs, en Saskatchewan, en Alberta ? » Après un long soupir, elle continue : « On demande juste de l’espace et il faut pas dire que c’est de notre faute. C’est le gouvernement des Territoires qui n’a pas fait son travail. » Silence global. Puis une étudiante anglophone de DJ résume le sentiment général : « Le gouvernement avait largement le temps de régler ce problème. Non seulement il n’a pas trouvé de solution, mais en plus il est incapable de trouver une solution. »
Concernant l’attitude de tous ces adultes, parents et enseignants et juges confondus, les jeunes sont lucides : « qu’ils arrêtent de se disputer comme des petits, qu’ils commencent à grandir et surtout qu’ils apprennent à partager. »
