Sophie Call est ferme à ce sujet. « Cette solution est et doit être provisoire, à très court terme » dit-elle en désignant du regard le sous-sol de l’hôtel. Les trois salles aménagées la semaine passée ressemblent toujours à un sous-sol, désigné même comme une « cave » par Rémi Payeur, venu visiter les locaux en tant que parent pour son fils en 7e année. « C’est sûr que nous aurons rapidement des plaintes, commente la directrice de l’école Boréale, par rapport à l’éclairage, par rapport à l’aération par exemple. »
En l’espace de deux journées, les membres de l’école Boréale ont installé trois salles de cours et un salon pour les étudiants. Tout est là, depuis les tables, les chaises, les livres, les tableaux, les outils informatiques, quelques casiers et des boîtes pour les affaires personnelles des élèves.
Dans ce sous-sol, l’accueil des classes relève d’une motivation sans faille des enseignants. André Chabat, professeur de sciences humaines et technologiques, en est à sa deuxième année à l’école Boréale et il affirme qu’ « il faut créer une atmosphère positive, et que ça vient de la part de l’équipe au complet. On a le droit d’être positifs et il faut qu’on le soit. »
Même positionnement du côté des parents. Une maman avoue que, malgré sa désapprobation de cette solution provisoire, elle garde une entière confiance dans l’école Boréale. « On avait entendu parler de projets d’agrandissement, ou bien de construire une école secondaire à part? Qu’advient-il de tous ces projets? Je ne me réjouis pas de cet hébergement dans un sous-sol d’hôtel, dit-elle. Je n’aime pas l’idée que l’hiver arrivant, les enfants ne verront pas du tout la lumière du jour ; je n’aime pas l’idée que les élèves croiseront sûrement des alcooliques ou des gens saouls dans le coin ; je trouve qu’il n’y a pas assez d’espace pour circuler et que l’air est confiné. Malgré tout, je préfère que ma fille de 8e année soit dans cette école plutôt que dans une autre. Parce qu’avec l’équipe de l’école, on forme comme une grande famille, on a confiance les uns dans les autres, et c’est ça qui me motive à rester à Hay River et à garder ma fille à l’école Boréale. » D’autres parents ont souligné qu’ils préféraient que leurs enfants soient regroupés plutôt que d’être répartis dans des écoles différentes. « On a peur qu’ils se fassent agresser à la sortie de ces écoles, explique un parent. C’est déjà arrivé qu’ils se fassent insulter. Au moins, en les mettant ensemble ici, ça évite des conflits. »
De leur côté, les élèves ont une approche très discrète de la situation. Les plus jeunes n’expriment aucun commentaire, les plus âgés disent qu’ils n’ont pas le choix. Les soupirs sont nombreux et pas forcément joyeux. Cependant, une étudiante éclate de rire en disant : « Si je n’avais pas eu de casier, je ne sais pas si j’aurais accepté de venir ici », dit-elle en posant sa guitare, en ouvrant le placard dans lequel toutes ses affaires sont minutieusement rangées. Alors qu’à l’autre coin de la pièce, les moins chanceux utilisent des boîtes de plastique pour entasser leurs objets.
