La démission de Geneviève Côté de son poste de présidente sera effective à partir du 1er novembre. Cette action intervient après trois mois d’efforts en solitaire pour redresser une situation en affaiblissement constant. En effet, l’agente de développement est partie cet été et les membres du conseil d’administration, au nombre de trois, sont débordés par leur implication dans le programme d’immersion à l’école.
La présidente, en poste depuis un an, âgée de 24 ans, est étudiante à temps plein au collège Aurora. Ses sessions durent cinq semaines et son rythme de travail doit soutenir des périodes d’examen toutes les deux semaines. Le poste d’agent de développement n’a pu être pourvu durant l’été ni en début d’automne, malgré la diffusion d’une offre d’emploi en continu pendant cette période. La présidente a donc pris sur elle de réaliser les tâches administratives, ce qui a représenté l’équivalent d’un emploi à temps plein qui se rajoutait à ses activités d’étudiante. À cette allure, elle a brûlé son énergie et elle a décidé de quitter la position.
« Je ne suis pas contente de démissionner car j’ai l’impression qu’à cause de moi, tout va s’écrouler, avoue-t-elle dans un soupir de tristesse. Pour l’instant je ne vois personne qui va vouloir prendre le poste. Deux membres du conseil d’administration sont des mamans dont l’une attend son troisième enfant. Je suis pas mal certaine qu’une seule personne va rester, mais il y aurait un gros travail de rassemblement à effectuer pour former un nouveau conseil. »
Quelle est la raison d’être de l’Association?
C’est la question que se pose Mme Côté aujourd’hui. « Est-ce que sa raison c’est de brûler les personnes qui y passent? Qui m’a aidée concrètement? On a épuisé nos ressources humaines. On a plein d’argent aux TNO pour faire des projets, mais c’est qui les francophones qui vont venir pour faire le travail? La paperasse représente ¾ du temps de travail. En immersion, ça fait trois semaines que je n’ai pas de prof, la monitrice a dû s’absenter, je n’ai aucun suppléant à proposer, ce sont des anglophones qui enseignent. » La dernière tâche administrative a représenté une source énorme de pression nerveuse. Le 24 octobre était la date limite pour remettre des dossiers de programmation à Patrimoine Canada. « Mon conseil d’administration ne sait pas plus que moi comment ça fonctionne, dit-elle. J’ai appelé Léo-Paul Provencher pour savoir quoi faire, mais son idée de demander à une personne du Québec de faire les papiers ne convenait pas, car cette personne ne connaît pas nos besoins. » Dans ce sentiment d’isolement, Mme Côté a cependant fourni les documents. Et aujourd’hui, elle se demande qui acceptera de prendre la suite dans un tel contexte. « L’Association a 66 000 $ à dépenser avant mars 2009, à qui je vais donner les clefs? Je fais quoi si personne n’en veut? »
Une situation connue depuis plusieurs mois
Les activités ont toujours eu du succès dans la communauté, mais l’organisme a accumulé des déficiences dont la responsabilité ne peut être attribuée à telle ou telle personne. C’est plutôt un ensemble de facteurs qui se sont accumulés au sein d’une équipe inexpérimentée. L’Association subit de plein fouet une mauvaise utilisation de ses ressources humaines, une absence de formation des membres du conseil d’administration pour connaître le fonctionnement administratif d’une association. Le peu de main-d’œuvre suffisait à peine à fournir des activités et animer le programme de préscolarisation.
Geneviève Côté a appelé à l’aide depuis cet été. De la part de la FFT, elle a obtenu un service rémunéré pour qu’une employée fasse le tri des dossiers pendant quatre jours. « On a parlé avec Geneviève plusieurs fois. On a coaché certaines stratégies de rencontre avec son CA et on l’a encouragée dans certains travaux urgents à réaliser », dit M. Provencher, directeur de la FFT. Selon lui, la FFT ne doit pas se substituer aux responsabilités de la communauté. « Chaque situation doit être évaluée à son mérite et les mesures seront appropriées et aux circonstances et aux moyens dont nous disposons nous-mêmes, affirme-t-il. Il y a un CA à Fort Smith. Il n’y a pas qu’une présidente et l’Association ne manquera certainement pas de nous faire part de ses besoins. » M. Provencher rappelle que le soutien de la FFT « prend des formes selon le besoin de soutien pressenti et dans le respect des instances sur place. Nous avons donné des conseils sur le recrutement. Nous avons même examiné nous-mêmes des alternatives dans le cas d’un autre processus de recrutement que nous menions. » Mme Côté a également sollicité l’expertise en employabilité du CDÉTNO. Cathy Roy, responsable de ce service, et Sylvie Francoeur, directrice, ont œuvré ensemble. « La première fois que Geneviève Côté nous a appelés, c’est cet été, témoigne Mme Francoeur. Nous avons diffusé son offre d’emploi. Voici une semaine et demie, nous avons appelé Geneviève. Hier nous lui avons longuement parlé et nous avons retravaillé l’offre d’emploi. Malgré sa démission, elle veut continuer à s’occuper du recrutement. Elle peut bénéficier de tous nos services de diffusion, de tri des candidatures. Cathy va faire un suivi avec elle aujourd’hui. »
Ce n’est pas la première fois que l’Association traverse une crise. Au début des années 1990, il n’y avait plus que quatre personnes. Une observatrice de Fort Smith, qui souhaite garder l’anonymat, témoigne qu’il a fallu plus de dix ans pour redonner un sens et de la vie à l’Association. Elle ne voit pas autour d’elle de personne apte à prendre la relève. « Trop de papiers, trop de travail administratif, pas d’employé, des membres du CA épuisés, non je ne vois pas qui serait intéressé », dit ce témoin.