Après les voitures hybrides, voilà que le gouvernement Harper nous présente son budget hybride.
L’énoncé économique de l’automne dernier démontrait bien l’aversion des conservateurs (ces réformistes déguisés) pour des mesures de soutien de l’économie. Cet énoncé reflétait les fondements de l’approche hyper conservatrice de Harper qui vise à minimiser la taille et les fonctions de l’État. Cette vision a presque provoqué le renversement du gouvernement et ce n’est que la décision de suspendre les travaux de la Chambre de Communes qui lui a sauvé la peau. Depuis, la situation économique a empiré, prouvant que la compréhension de Harper en matière d’économie est totalement déconnectée de la réalité. Rien d’étonnant quand on sait que ce politicien de carrière, qui a certes étudié en économie mais qui a surtout travaillé comme employé politique, n’a qu’une expérience pratique limitée de la gestion fiscale et financière d’un pays
Pour ne pas perdre le pouvoir, il a donc fallu que Harper écoute les partis d’opposition, principalement son vis-à-vis libéral. Ignatieff parle même d’amender le budget du 27 janvier avant de confirmer son appui ou son rejet. C’est donc dire que Michael Ignatieff pourra probablement dire à ses petits-enfants : « Y a un petit peu de nous autres là-dedans », pour reprendre le vieux slogan des soupes Habitant.
Ce budget est conservateur en ce sens qu’il ne contient aucun projet de société ou d’investissement pour le futur. Par exemple, le milliard de dollars destiné au Fonds de développement des énergies vertes sonne bien à l’oreille. Mais quand on s’aperçoit que cela servira principalement à financer les grandes pétrolières albertaines dans leurs recherches sur la technologie de captage et de stockage du carbone, on voit que certains députés se préparent déjà une belle retraite dorée à Calgary. Ça vaut bien un pont, non?
Ce budget est libéral en ce sens qu’il utilise l’outil fiscal pour épauler l’économie. Plutôt que de simplement subir les contrecoups de la crise économique en coupant des programmes et en mettant à pied des fonctionnaires, le gouvernement accepte un déficit et investit dans l’économie. L’investissement est maladroit, mais au moins les montants en cause sont acceptables, ce qui somme toute va aider l’économie.
Conservateur et libéral, ce budget hybride reflète mieux un gouvernement minoritaire que l’intention première naturelle de Harper telle que dévoilée dans l’énoncé économique du ministre Flaherty.