À la Soup Kitchen de la ville, les pauvres ne se distinguent pas au sein de la population. Ils sont pourtant bel et bien au rendez-vous de la soupe gratuite distribuée trois fois par semaine.
La Soup Kitchen, c’est une soupe populaire, accueillante, ouverte à tous ceux qui ont besoin de manger, de boire une boisson chaude et de parler. Elle est située près de la maison des jeunes, près de l’Église catholique et en face des écoles primaires.
C’est aussi une institution qui a 15 ans et qui vit des dons, soit de la part des habitants, soit de la part d’associations locales, soit de la part de quelques entreprises qui soutiennent l’organisme caritatif depuis ses débuts. Le budget de l’an passé tournait autour de 25 000 $ de dons financiers, pour un compte de dépenses d’environ 20 000 $. Car la Soup Kitchen doit payer ses frais de fonctionnement en intégralité. La ville, de son côté, ne donne aucune facilité quelconque ni de soutien financier.
D’ailleurs, selon Mme Rose, présidente de la Soup Kitchen, les conseillers municipaux font comme s’il n’y avait aucun problème de pauvreté. « Parmi les quatre principales collectivités des TNO, nous sommes la seule à n’avoir aucun abri pour les personnes démunies », déclare-t-elle.
Active depuis la création de l’organisme en 1994, Mme Rose dénonce doucement, mais fermement ce refus politique de voir la réalité en face. Même si la crise économique actuelle provoque des licenciements ponctuels, elle regarde plus en arrière, en 2007, au moment de la révision des aides sociales auxquelles peuvent prétendre les catégories de demandeurs, qu’ils soient célibataires ou en famille. « Avec la révision des aides de cette année-là, on s’est aperçu que les familles sont les plus pénalisées et les plus appauvries, dit Mme Rose. On a constaté que le montant des aides financières est devenu plus fort pour des célibataires et plus faible pour des familles. Et l’on a vu alors que ces familles, bénéficiaires d’aides sociales car souvent aux prises avec des contrats de travail à temps partiel, n’ont plus assez de ressources pour subvenir à la fois aux besoins de nourriture et aux besoins en vêtements pour leurs enfants. »
C’est ainsi que ceux et celles qui fréquentent cette soupe populaire trois fois par semaine sont surtout des familles dont les parents travaillent, mais qui ont des salaires minimums avec des emplois à temps partiel.
Il y a aussi une itinérance cachée dans la ville, représentée par des individus qui ne peuvent se payer une location et qui sont condamnés à loger chez d’autres personnes. « Ceux-là ne se voient pas, explique Mme Rose, car ils ne dorment pas dans la rue, mais c’est tout comme! Ils n’ont pas d’adresse fixe, ils ne peuvent avoir droit à rien et ils vivent ainsi dans la pauvreté. »
La Soup Kitchen est ouverte toute l’année, trois jours par semaine (lundi, mercredi, vendredi). Elle accepte les dons de produits alimentaires. Ceux qui souhaitent en apporter peuvent déposer leur paquet devant la porte ou les donner directement à Mme Rose.