Les jeunes en immersion de français d’Inuvik ont participé à une belle sortie à Tuktoyatuk. Entre cette escapade bienvenue après un hiver glacial et la prochaine cabane à sucre, Marie Coderre fait le bilan de ces quelques mois de scolarité.
Un voyage dont peu de gens au monde peuvent dire qu’ils l’ont fait tellement c’est loin et protégé. Marie Coderre, monitrice de français, faisait partie des accompagnateurs du groupe des élèves de 6e année de l’école d’Inuvik dans un voyage unique vers les pingos de Tuktoyaktuk.
Les pingos sont des collines au cœur de glace, qui se forment lorsque les eaux souterraines exercent une pression sur le sol gelé. Celui-ci est alors poussé vers le haut. Les pingos sont parfois âgés de plusieurs milliers d’années et ils s’élèvent de deux centimètres par an en moyenne. Ces cônes sont absolument protégés par Parcs Canada, qui a volontiers fourni un guide au groupe d’Inuvik pour commenter et visiter des pingos.
Cette sortie de terrain était, selon Mme Coderre, réellement la bienvenue. Car l’hiver très froid a empêché les élèves de sortir durant les récréations durant deux mois.
Concernant les élèves qu’elle suit en français, elle trouve que leur niveau est excellent, « pour des jeunes qui vivent en milieu anglophone en dehors de l’école, dit-elle. Tous les élèves que je vois répondent aux normes du curriculum. » Le programme inclut beaucoup de travail en expression orale, en lecture et comprend, pour les plus jeunes, une routine basée sur la répétition. « Par exemple, si on apprend des mots nouveaux, ce seront les mêmes mots pour toute une semaine, ainsi les élèves seront capables par la suite de retrouver les mots dans des livres, d’associer un sens à chaque mot. »
Depuis l’an passé, Mme Coderre trouve que le niveau s’est même amélioré. Pourtant, l’une des contraintes qui pèsent le plus sur le suivi des élèves est due aux déménagements des familles. « Ici les gens viennent pour un temps déterminé. Ils déménagent beaucoup, ça peut déstabiliser des groupes dans des classes à plusieurs niveaux. Aujourd’hui nous avons des élèves en immersion jusqu’à la 7e année, le programme peut être étendu jusqu’à la graduation finale, mais il faut qu’il y ait une demande pour cela. »
L’attention de la monitrice est particulièrement sollicitée auprès de la classe à deux niveaux qui regroupe des élèves de maternelle et de 1re année. Car la différence d’âge, même si elle peut paraître faible pour certains, influe néanmoins sur les groupes. « Les niveaux de maturité ne sont pas pareils, reconnaît Mme Coderre. Les enfants de maternelle n’ont pas du tout la même maturité que ceux de la 1re année, ils ont même une influence plutôt négative sur leurs aînés. »
Monitrice auprès d’une soixantaine d’étudiants en immersion de français, et agente de développement de l’Association des francophones du Delta du Mackenzie, Mme Coderre peut être appelée à organiser des activités à caractère pédagogique et socio-culturel pour apporter une touche de diversité dans les apprentissages.
Elle prépare la prochaine cabane à sucre qui aura lieu le 6 avril, pendant le Muskrat Jamboree d’Inuvik. Puis les élèves seront amenés à nouveau sur le terrain, le 9 avril, pour faire une sortie tournée vers les traditions autochtones de trappe dans un camp gwich’in.
