Pour Randy Boissonnault, consultant en développement stratégique, la meilleure et la plus solide base sur laquelle un groupe peut s’épanouir en toute confiance est celle de ses valeurs. Les organisations du Nord peuvent s’appuyer sur l’une d’entre elles, à savoir l’identité de bâtisseurs que les habitants portent en eux.
Cela fait dix ans que Randy Boissonnault rejoint régulièrement les TNO pour mettre ses compétences de consultant au service de groupes qui s’interrogent sur leur avenir. Au lieu de manier des chiffres et des lettres, ce professionnel du développement stratégique utilise de préférence des outils issus des sciences humaines qualitatives.
À la différence des sciences quantitatives (statistiques, calculs, bilans, questionnaires à réponses fermées), M. Boissonnault ouvre des questions sur d’autres perspectives. Il interroge la vision et les valeurs des membres de l’entreprise ou du groupe communautaire qui veulent se doter d’un plan de développement.
« Quelle est la raison d’être fondamentale de l’organisme? dit-il. J’amène les gens à mener une réflexion sur leur raison de travailler là où ils sont, et sur leurs valeurs fondamentales. Les raisons et les valeurs sont les bases de l’édifice. Ensuite on peut se projeter à 10 ans, voire 20 ans et développer ce que l’on appelle une vision, réfléchir sur sa consistance et sur les rôles à jouer pour la remplir. Prises ensemble, les raisons, les valeurs et la vision permettent d’élaborer un grand projet directeur sur dix ans. »
À cela, M. Boissonnault ajoute que son objectif consiste à rendre ce projet directeur utile au quotidien dans l’entreprise ou le groupe. « Si on veut associer un terme à une planification stratégique, je dirais tout de suite le mot action. » Une planification qui requiert un travail commun pendant plusieurs mois, parfois une année, doit être utilisée au jour le jour par la suite.
M. Boissonnault intervient dans le Nord depuis plusieurs années. Il est Franco-Albertain d’origine. Après des études à la faculté St-Jean d’Edmonton en histoire et en sciences politiques canadiennes, il s’envole pour l’Université d’Oxford, au Royaume-Uni. Il s’investit dans une maîtrise combinant la philosophie, la politique et l’économie puis, après un temps passé avec un statut d’employé, il décide de créer son cabinet de consultant en développement d’entreprise.
« Au début, je voulais aider des scientifiques à mettre en valeur leurs idées », explique-t-il. « Puis j’ai développé une attitude plutôt tournée vers la planification stratégique quotidienne. »
Il y a une dizaine d’années, M. Boissonnault a été appelé par un collègue qui travaillait dans les TNO, pour collaborer à une étude de faisabilité pour la création d’une maison de la francophonie. Depuis, il monte souvent à Yellowknife pour travailler avec la Fédération franco-ténoise, l’Association franco-culturelle de Yellowknife, le projet de guichet unique et, tout récemment, avec le Conseil de développement économique des TNO.
Qu’est-ce qui fait qu’un consultant de l’Alberta est si souvent appelé dans le Nord ? « Tout d’abord, des relations se sont créées, une complicité s’est établie, reconnaît-il. Mais aussi j’ai fourni des résultats, de bons produits. Il serait dangereux de prendre appui sur des modèles de développement appliqués dans le Sud. Il faut savoir travailler avec des valeurs et des réalités nordiques. »
Ce dernier point paraît dominant. « Les enjeux du Nord sont différents en ce qui concerne la main-d’œuvre et l’accent sur les relations, souligne-t-il. Il y a aussi une mentalité spécifique produite par l’éloignement qui repose sur un sentiment de fierté qui ne se retrouve pas dans d’autres régions. C’est la fierté du défricheur, du bâtisseur. Cette énergie est comme une sorte d’énergie électrique qui m’a toujours charmé. » Pour M Boissonnault, cette ressource mentale peut apparaître comme une valeur puissante de développement économique et socio-culturel nordique.
BV : Photo Xennex : « Les gens du Nord ont la fierté du bâtisseur. On est ici pour une période de temps et, si on veut construire quelque chose, on peut », affirme Randy Boissonnault.