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le Jeudi 23 avril 2009 16:14 Francophonie

Chronique des moniteurs Éloges aux Ténois

Chronique des moniteurs Éloges aux Ténois
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Si quelqu’un m’avait dit il y a quelques années que j’irais vivre au dessus du 60e parallèle où l’hiver s’impose sur l’été, je me serais probablement esclaffé. Je rêvais de contrées lointaines, ça oui, mais là où il fait chaud, où les plages, les vagues et les araignées mortelles prévalent. Mais à quel point ne me connaissais-je pas, car je n’ai pas su échapper à mon goût accru pour les paradoxes et les aventures de natures opposées. Après l’Australie et la Chine, le Nord canadien me parut donc comme la destination logique.

 

 C’est à ce temps de ma vie que j’ai entendu parler du programme Odyssey, qui me permettrait d’aller travailler dans le nord et de vivre cette nouvelle expérience. J’avais déjà travaillé dans les écoles primaires à Shanghai et le travail de moniteur de français me paraissait une continuité conséquente à ce que j’avais déjà entrepris.

 

Et voilà, je travaille maintenant à Yellowknife depuis six mois et je m’y plais beaucoup. De dire que la vie y est toujours fantastique serait mentir, car il y a toujours ces longues heures de noirceur quelque peu déprimantes et les journées de froid intense qui frappent d’une telle façon que même le sang prend congé de certains vaisseaux sanguins. Mais quel endroit n’a pas ses petits désavantages? De toute façon, ce n’est pas sur ça que je veux m’attarder et bien que j’aime Yellowknife et ces environs géographiques, ce n’est pas non plus le pourquoi que je m’y plaît tant. L’une des raisons majeures pour laquelle j’apprécie tant cette ville est les gens. Les gens, mes amis; les gens, mes collègues; les gens, mes connaissances; les gens en général. Par contre, il y a aussi les gens, les autochtones, ceux que j’aimerais connaître plus, leurs traditions et leur culture, mais qui sont plus difficiles d’approche, en tous les cas pour moi.

 

 D’abord, les gens, mes amis; lorsque quelqu’un vient à Yellowknife pour y travailler, il arrive souvent qu’il ou elle vienne seul(e) pour y trouver un emploi. La famille et les amis souvent restent dans la ville d’origine qui est évidemment très loin de Yellowknife vu son isolation du reste du Canada. C’était mon cas et celui de mes amis les plus proches. Alors, ces personnes sont devenues rapidement les gens sur lesquels je compte le plus au quotidien. En peu de temps, j’ai appris à les connaître et à les apprécier. Je crois que ce fut la même chose pour eux. L’entraide vient naturellement sans y penser, car je sais pertinemment qu’il ferait la même chose pour moi dans un contexte similaire. Je trouverais la vie beaucoup plus difficile sans eux. Malheureusement, l’une des plus grandes tragédies de Yellowknife est que ces amis partiront et l’année prochaine plus de la moitié sera partie et le cercle d’amis sera en partie à refaire.

 

Maintenant, mes collègues. Quand j’ai commencé à travailler à l’école primaire d’immersion française J.H. Sissons, je ne savais pas à quoi m’attendre. Je me demandais vraiment de quel genre de corps d’enseignant et de quel genre d’étudiants il s’agissait. Je ne fus pas déçu le moins du monde. Et encore, de dire que c’est la perfection, loin de là, mais le personnel est humain et je m’entends vraiment bien avec eux. Ceux qui décideront de quitter l’année prochaine me manqueront beaucoup et je serai content de travailler avec ceux et celles qui resteront. Pour ce qui est des étudiants, bien, ce sont des enfants de maternelle à cinquième année; donc, une journée peut être épuisante, mais remplie de surprises et de belles histoires. L’ambiance de travail est primordiale pour être bien dans n’importe quelle région du monde, car on y passe la plus grande majorité de son temps, et j’aime travailler à J.S. Sissons.

 

 Ensuite, les connaissances. Dans une ville plus grande et plus peuplée comme Montréal, le bassin de population est plus diversifié et il est donc plus facile de trouver des gens qui nous ressemblent. Donc, pas besoin de s’ouvrir aux gens qui auraient des activités quotidiennes différentes des nôtres et qui nous plairaient moins, on se blottit dans ce que l’on connaît. Vu que Yellowknife a un bassin de population plus petit et qui change de visage toutes les années, les gens de Yellowknife doivent être ouvert à rencontrer de nouvelles personnes et pour cette raison vont vers les individus qui sont de tempérament quelques fois plus éloigné. Ce phénomène crée un grand réseau de connaissances aussi large qu’est la volonté de vouloir rencontrer de nouvelles gens, car si on se renferme sur soi, que l’on soit à Yellowknife ou à Montréal, on ne fait pas de rencontre.

 

 Enfin, les gens des premières nations. Que pourrais-je vous dire sur eux, je ne les connais pas du tout. Je les croise dans la rue, parfois les salue, mais je n’en connais aucun personnellement. La séparation entre les premières nations et les autres est très visible à Yellowknife. L’une de mes plus grandes déceptions cette année est que je n’ai rencontré pratiquement aucun Dénés. Evidememnt, le tort ne revient qu’à moi qui devrais aller vers eux. Pourtant, leur culture me fascine et je ne me suis tout de même pas approché d’eux. Il n’est pas trop tard, et l’année prochaine je reviens; alors, la balle est dans mon camp.

 

Finalement, les gens sont la plus grande raison pour laquelle j’aime Yellowknife. Je reviendrai donc l’année prochaine et j’essaierai donc d’approfondir mes relations avec ces gens du Nord. Je reviendrai cette fois avec connaissance de cause et avec une approche différente.