Alexandre Wagner, entre adrénaline et rythme de vie.
Employé de la compagnie Buffalo Airways, Alexandre Wagner pilote des avions d’une autre époque. Dans l’armada d’aéronefs opérés par la compagnie ténoise, plusieurs Douglas DC-3 et DC-4 sont encore utilisés pour le transport de passagers ou de cargo. Pour l’instant, le pilote francophone s’assied sur le fauteuil de droite d’un appareil ayant volé pour la première fois en 1945. Après un hiver à ravitailler les collectivités nordiques, il demeurera co-pilote sur cet ancien avion de ligne pour un été qui risque d’être chaud en sensation.
En effet, après deux étés à piloter un avion d’aéropointage pour effectuer tout le travail de reconnaissance essentielle au combat des feux de forêts aux TNO, Alexandre Wagner sera pour la saison 2009, à bord d’un DC-4 transformé en avion-citerne. « C’était l’idée de travailler à Yellowknife pendant l’hiver : d’acquérir de l’expérience à bord d’un DC-4 pour que cette année, je puisse être co-pilote lors de la saison des feux de forêts. Avant, avec l’avion pointeur qui est plus malléable, plus léger et rapide, je tournais autours de la zone incendiée pour déterminer le plan d’extinction avec un spécialiste du ministère des Ressources naturelles. Cette année, je serai dans le DC-4 qui suit l’aéropointeur pour savoir où épandre le produit retardant. » Selon la procédure, le petit avion arrive en avance sur le lieu de l’incendie pour identifier sur le terrain tous les dangers relatifs aux vols à basse altitude. Il guide ensuite le Canadair ou le DC-4 lors de son approche avant de lui indiquer l’endroit où épandre le contenu de ses réservoirs. « J’ai la chance de voler avec un pilote qui fait ça depuis 30 ans. Ça me plaît bien de m’imaginer assis à côté de cet homme de terrain pour débuter mes 30 prochaines années d’expérience. Piloter un DC-4 ne peut pas se faire tout seul. Les quatre moteurs sont vraiment hypersensibles et ils requièrent une attention sans relâche pour faire voler l’avion à son meilleur potentiel. Cette année, je ne porterai pas beaucoup d’attention au feu car je vais être concentré à gérer les moteurs », explique Alexandre Wagner, s’estimant heureux d’avoir fait deux ans de repérage auparavant pour vraiment savoir ce que c’est que d’être dans le feu de l’action.
Le Franco-ténois est satisfait de travailler à Buffalo Airways au sein de l’entreprise familiale dirigé par Joe McBryan. Il note qu’il y a de bons et de mauvais cotés comme partout ailleurs, mais apprécie la nécessité d’être polyvalent. Il s’amuse du côté collectionneur et passionné de vieilles carlingues de Buffalo Joe et pense qu’avec toutes les réserves de pièces que son patron a entassées, il sera capable de voler encore longtemps sur ces avions qui ne sont plus fabriqués aujourd’hui. « C’est vraiment un travail pour moi! Quelques années après mon école d’aviation, je m’enlignais pour être pilote de ligne, mais la rigidité du calendrier de vol ne m’a pas attiré. Alors, je me suis dirigé vers les opérations de feux de forêts. Je perds mes étés, c’est vrai, mais je me rattrape après la saison des feux. Ici, je suis comme un pilote de brousse. Je parcours les territoires qui sont une immense continuité d’épinettes et de cours d’eau. C’est grand, et il n’y a rien! Tu peux voir toutes les formations géologiques, c’est ce qui est beau.»
Avant la fin du mois de mai, Alexandre Wagner va quitter la capitale ténoise pour être basé à Hay River, l’un des trois centres d’intervention de Buffalo Airways, où la compagnie opère les services requis par le gouvernement territorial. « J’aime le rythme de travail durant l’été, nous sommes opérationnels de midi à 19 h, dépendamment s’il y a des feux à maîtriser ou non. Avec la luminosité du Nord, j’ai du temps pour les loisirs comme la randonnée et l’escalade. Nous pouvons partir pour deux ou trois semaines dans une région sensible et revenir à la base ensuite. Nous intervenons uniquement si un feu menace une collectivité ou certains intérêts, sinon nous laissons les feux entreprendre leurs effets régénérateurs. »