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le Vendredi 28 août 2009 10:50 Éditorial

Éditorial La cour d’école

Éditorial La cour d’école
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Lundi, quand la première cloche sonnera, six élèves de maternelle courrons détacher leurs bottines pour savourer leur premier jour à l’école, la vraie. Pis, en français en plus!

Ils découvriront assez vite qu’il manque des amis dans la classe. Quatre fantômes rôderont ici et là. Où sont passés tous les autres qui, depuis deux ans ou presque, fréquentent le même endroit, gambadent sur les mêmes planchers et salissent les mêmes tables?

Ils sont à l’école anglaise, ils sont sûrement en train de se faire des nouveaux amis. Et un moment donné, leurs fantômes à eux seront ceux des mots français. Mais ces spectres sont beaucoup plus pernicieux. Pour un enfant qui chambranle sur les planches de la vie, il deviendra, avec les années, un revenant. Un de ceux qui fait resurgir les sentiments de perte, de rejet ou d’insécurité sociale.

Pour les parents, il s’agit d’une grande bataille. Il faut s’armer de patience pour envoyer son enfant à l’école francophone dans les Territoires du Nord-Ouest. Pas mal plus qu’il en faut au ministère pour répondre à mes questions, d’ailleurs toujours sans réponse. Hélas, dans ce pays bilingue, ce territoire aux onze langues officielles, il n’y a aucun francophone au Ministère de l’Éducation, de la Culture et de la Formation qui puisse répondre aux journalistes. Une très grande chance que mes questions soient en anglais, vous imaginez le contraire? J’aurais mes réponses quand les politiques auront du sens.

Fait intéressant, à la fin septembre, les experts se rencontreront à Ottawa pour le congrès annuel de l’Institut canadien d’administration de la justice. Il sera question notamment de l’affaire Doucet-Boudreau, une histoire d’admission s’étant rendue en Cour Suprême, au début des années 2000. La situation de la francophonie, en Nouvelle-Écosse, était alors «à un seuil critique» et le gouvernement refusait de fléchir. Les parents francophones ont dû se rendre en Cour Suprême, et là, seulement là, ils ont obtenu un droit de réparation.

En espérant que l’issue de ce triste jeu de passe-passe ne saura dépasser la cour d’école et qu’il ne fera pas trop disparaître de bottines sur le parquet.