Le Grand Rassemblement Jeunesse 2009, qui a eu lieu à Tracadie-Sheila, du 12 au 17 août dernier, est un souvenir douloureux pour les participants ténois de cette activité.
« J’ai moi-même participé à beaucoup d’activités et c’était du jamais vu. C’était dégueulasse! », se répugne d’entrée de jeu Francine Fontaine, coordonnatrice de Jeunesse TNO. Mme Fontaine a participé au Grand Rassemblement Jeunesse 2009 (GRJ 2009), organisé par la Société nationale acadienne (SNA), comme accompagnatrice ce mois-ci. Le GRJ 2009 a accueilli plus de 250 jeunes âgés de 12 à 25 ans, de partout dans le monde.
« Je m’attendais à avoir une expérience à mettre dans mon portfolio, pour mes études, raconte Chantay Boulanger-Rowe, une des participantes de Hay River. Mais, depuis que je revenue, je ne veux même plus y penser! »
Interrogées sur leur expérience, elles sont unanimes: « C’était vraiment un camp de concentration. » Pour Mme Fontaine, l’activité qui semblait remplie de belles promesses a vite tournée au cauchemar. Elle raconte que les jeunes ont été tenus pendant cinq jours entre les murs d’une école dont les fenêtres ne s’ouvraient pas, à une température extérieur de 40 degrés celsius. L’accompagnatrice déplore aussi le fait qu’ils n’ont pas pu visiter l’Acadie du tout: « Nous avons eu trois heures de temps libre, nous nous sommes sauvés à la plage. On a pu y rester 20 minutes… ». Elle fait aussi référence à un jeune Sénégalais qui s’est exclamé : «Je peux dire que je suis venu en Acadie, mais je ne peux pas dire que j’ai vu l’Acadie,»
«On est resté assis durant quatre heures à écouter des sessions parlementaires, tout le monde s’endormait! », s’indigne Chantay. De son côté, la coordonnatrice manifestait un énorme mécontentement face au «traitement qu’il leur a été infligé». Lors d’un concert en plein air, les 250 jeunes et leurs accompagnateurs ont été placés dans un «enclos». Les entrées étaient contrôlées par des personne de la SNA, des toilettes avaient été placées à l’intérieur pour éviter que les jeunes ne sortent. «J’ai passé la soirée à être obligée d’accompagner des majeurs au toilette », relate Mme Fontaine
« Sincèrement, je ne peux même pas trouvé de point positif. Oui, il a fait beau, mais on était pris en-dedans… », souligne Francine Fontaine. Elle explique que de nombreuses plaintes ont été formulées par les délégations présentes. Malgré cela, la femme résume : «On nous a tout simplement menacé de renvoi à la maison, à nos frais.» Attristée par la situation, elle avoue qu’il n’y a rien à faire : « Même si on fait un rapport, il ne sera jamais lu, ça va tomber dans les oubliettes et les organisateurs envoieront bien ce qu’ils veulent à Patrimoine Canada.» Plus de la moitié des 250 jeunes présents avaient d’ailleurs signé une pétition pour une sortie à la plage, raconte Mme Fontaine. Lorsque celle-ci a été remise aux organisateurs, elle lâche : « Ils ont ri et n’en ont jamais fait mention par après. » Le formulaire dédié aux commentaires, à la fin de cette activité, étaient en fait le même question donnée avant le GRJ 2009 et concernait plutôt les attentes. L’accompagnatrice et certains de ses pairs ont exigé des feuilles blanches et des crayons pour laisser leurs réels commentaires.
Ce sentiment de censure a aussi été une grande frustration pour Chantay. Elle a d’ailleurs écrit une lettre de deux pages pour signifier sa déception. Elle partage que la seule chose qu’elle a apprécié, c’est de rencontrer des gens exceptionnels. « Peu importe les conditions, on a démontré qu’on pouvait se faire du fun ce soir-là! », dit-elle.
Habituée à participé à des activités de la Francophonie, c’est la première fois qu’elle fait face à une telle situation. Elle ne condamne pas ces activités et espère en vivre de meilleures à l’avenir. Il n’en est malheureusement pas ainsi pour d’autres des participants, Mme Fontaine regrette : « Pour certains, c’était une première expérience. Ils ne veulent plus jamais participer à des activités comme ça! J’ai perdu des jeunes dans cette affaire…»
L’Aquilon a tenté de rejoindre l’organisatrice de l’évènement, Nathalie Aucoin. Elle était cependant absente et n’a pas eu l’occasion de répondre à ses questions.
L’association de la presse francophone (APF), une agence de presse à laquelle L’Aquilon est abonné, rapporte pour sa part que l’objectif principal du GRJ 2009 était de permettre l’échange entre les jeunes francophones de différents horizons.
« Nous espérons que les jeunes Acadiens et Acadiennes en soient ressortis fiers de leur langue et de leur culture et que les autres jeunes aient appris beaucoup et apprécié ce rassemblement », commente la coordonatrice du GRJ 2009, Natalie Aucoin, dans une entrevue accordée à l’APF.