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le Jeudi 3 septembre 2009 16:24 Éducation

Départ hâtif Dis maman, qu’est ce que je fais jeudi après-midi?

Départ hâtif Dis maman, qu’est ce que je fais jeudi après-midi?
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Les élèves de l’école Allain St-Cyr doivent quitter l’école à 14 h 30 tous les jeudis.

Au premier jour de la rentrée, certains parents n’étaient pas encore au courant. Les jeudis, ils doivent désormais aller chercher leurs enfants inscrits à l’école francophone de Yellowknife, trois quarts d’heure plus tôt qu’à l’accoutumée.

Ce départ hâtif comme il est nommé dans le nouvel horaire de l’école Allain St-Cyr (ÉASC), a été aménagé pour fournir une période de développement aux enseignants. Cette période hebdomadaire remplace ainsi l’habituelle demi-journée pédagogique qui était de pratique à l’ÉASC presque mensuellement les vendredis après-midi.

Ce changement qui est observé à l’école Boréale depuis plusieurs années a été orchestré par la Commission scolaire francophone. Il est passé comme une lettre à la poste pourrait-on dire vu que l’ÉASC a appliqué le départ hâtif sans consultation préalable. Au mois de juin, les parents devant le fait accompli se sont retrouvés avec un problème à résoudre pendant l’été.

Résultat en ce début septembre : la liste d’attente s’allonge pour l’après-école à la Garderie Plein soleil, rien d’officiel n’a été organisé pour accommoder les familles, les autobus scolaires fonctionnent sur deux horaires les jeudis, les enseignants disposent d’une plage horaire plus régulière afin d’élaborer un meilleur soutient aux élèves.

Pour la nouvelle directrice de l’ÉASC, le bénéfice aux élèves est l’essence même du départ hâtif. « Permettre aux enseignants de se rencontrer plus souvent qu’une fois par mois, c’est bénéfique, car ils pourront effectuer un suivi plus prononcé en se rencontrant chaque semaine. Ce sera aussi utile pour améliorer la cohésion de l’équipe-école qui est un de nos objectifs cette année. »

D’après les parents d’élèves interrogés, personne ne blâme les raisons d’être de ce changement. C’est plutôt le processus décisionnaire qui serait à questionner et le manque de solutions apportées. D’après Jean de Dieu Tuyishime, père de deux élèves à l’école, « il y a des moyens alternatifs pour que les jeunes puissent profiter de ce temps ». « Je parle d’aide aux devoirs, qui pourrait être supervisée par les plus vieux », propose ce parent qui pense que le problème des familles sans solutions concerne majoritairement les jeunes du primaire. « Moi, j’ai mes deux enfants qui ont l’âge de se débrouiller seul après l’école. Mais si je me mets en situation, peut-être que des parents pourraient effectuer du bénévolat où débloquer certain montant pour encadrer les jeunes », de tenter M. Tuyishime. Il note toutefois que les jeunes seraient sûrement gardés à l’école et que cela entraverait l’opportunité des enseignants à travailler dans un espace sans élèves.

Le même genre de solution semble germer à la Garderie Plein Soleil. Sa directrice, Johanne Gagné, ne mâche pas ses mots quant à l’embarras dans lequel elle se trouve. « J’ai mes 20 places à l’après école qui sont déjà remplies depuis un bout de temps. Des parents m’arrivent encore espérant que je puisse être la réponse à qu’est ce qu’ils vont faire avec leurs enfants les jeudis. » Elle explique que les éducateurs qui pourraient aider celui qui est en charge de l’après école durant la semaine sont occupés à l’heure du départ hâtif les jeudis et que ce n’est pas à elle de combler cet interstice imposé. Elle aussi pense aux élèves plus âgés pour pallier au plus grand nombre d’enfants à garder les jeudis.

La directrice générale de la Commission scolaire catholique qui applique cette politique de départ hâtif les jeudis depuis plusieurs années estime qu’avec le temps, les choses ont pris leur place pour les familles qui fréquentent ses écoles. « Le départ hâtif est appliqué sur l’ensemble de nos écoles, c’est-à-dire que même les gardiennes arrangent leur jeudi après-midi pour venir chercher les jeunes plus tôt. Ça veut dire aussi que les élèves du secondaire peuvent garder leurs petits frères et sœurs », prétend Claudia Parker. Elle admet toutefois que si le départ hâtif était une nouvelle politique dans ses écoles, elle se tournerait vers la ville pour que quelque chose soit mis en place.

Émilie Boucher a plusieurs enfants qui fréquentent l’école. Elle pense que cette période hebdomadaire pourrait vraiment être mise à profit. « Je vois ça comme une solution, les plus jeunes font leurs devoirs, les plus vieux se font de l’argent. »

À l’heure de mise sous presse, le premier jeudi de l’année n’est pas encore écoulé. La réelle mesure de l’inquiétude ou des complications engendrées par ce nouvel horaire n’a pu être comparée à leur proportion anticipée. Peut-être que finalement, les parents d’élèves, l’école ou la garderie, le secondaire élaboreront un plan pour les enfants qui ne peuvent pas rentrer chez eux plus tôt, mais comme le dit Mme Boucher, il restera une appréhension pour les parents qui décident d’aller les chercher à 14 h 30 : « Après toutes ces années, ma plus grande peur maintenant c’est d’oublier d’y aller trois quarts d’heure plus tôt ».