L’ancien directeur du Collège des TNO veut des explications.
Donald Violette n’accepte pas la façon dont il a été traité. Pour lui, la Fédération franco-ténoise a brisé, le 3 décembre 2009, le contrat qui les liait, et il ne comprend pas pourquoi, du jour au lendemain, il a été démis de ses fonctions. L’ancien directeur du Collège des TNO cherche des réponses afin de corriger ce qu’il appelle une atteinte à sa réputation.
Lorsque, le 8 décembre dernier, Donald Violette a été questionné par L’Aquilon sur les raisons du changement de direction à la tête du Collège, celui-ci n’a pas voulu commenter outre mesure. « J’aimerais mieux ne pas en parler tout de suite », s’était-il limité à dire, ajoutant tout de même qu’il avait d’autres défis qui l’attendaient et que la décision avait été prise de ne pas renouveler son contrat.
Deux mois plus tard, libre de s’exprimer publiquement sur son ancien employeur depuis le 1er janvier 2010, l’ex-directeur du Collège veut reprendre la parole et éclaircir les événements.
Lors de la réunion du conseil d’administration du Collège des TNO (CTNO), le 29 novembre, à Hay River, la décision a été prise de tenir une réunion spéciale pour discuter du contrat de travail de M. Violette. Au lieu du 7 décembre, comme il avait été convenu, le CA de la FFT et celui du CTNO (sensiblement les mêmes) se sont entretenus en rencontre extraordinaire, le mercredi 2 décembre, en l’absence de M. Violette. À l’issue de cette réunion, il a été décidé que le CA du CTNO fusionnerait avec celui de la FFT; que le compte en banque du CTNO serait fermé et ses fonds transférés dans un compte de la FFT; que le contrat de M. Violette qui prenait fin au 31 décembre 2009 ne serait pas renouvelé, et finalement; que le directeur du Collège n’ait plus accès à son bureau, à son ordinateur et à ses fichiers dès le 3 décembre au matin.
Mesures préventives
Donald Violette explique les faits survenus le jeudi matin. « J’arrive au bureau, mon bureau est fermé! Voyons? J’ai pas les clés de mon bureau? Non, on venait de changer la serrure. Léo-Paul me convoque dans son bureau en présence (d’un témoin) et me remet une lettre. On me dit : Tu ramasses tes affaires — mon ordinateur est barré, je n’ai plus de mot de passe, je ne peux plus rentrer dans mes courriels, rien! ». À ce moment-là, Donald Violette se sent comme un criminel, un escroc qui aurait volé. Il demande des explications et n’obtient qu’une référence à la lettre qu’il tient dans ses mains mentionnant que les deux CA « ont jugé que le niveau d’attentes en regard des exigences élevées d’un tel poste leur imposait d’examiner d’autres candidatures ». Il doit prendre ses vacances qui lui sont dues et quitter la Maison bleue. Il est bien stipulé, sur cette lettre, que sa candidature ne serait pas retenue au poste de directeur général du Collège des TNO.
D’après le directeur général de la FFT, et donc le directeur du personnel de ce tout jeune établissement d’éducation postsecondaire en français aux TNO, les mesures qui ont été prises le 3 décembre étaient destinées à protéger les actifs du Collège. « C’est plutôt courant (cela a déjà été fait ici), et dans le cadre de plein d’autres entreprises. Quand tu remercies quelqu’un, tu protèges tes actifs », explique Léo-Paul Provencher. Selon lui, les employeurs qui ne font pas cela peuvent s’exposer à des difficultés, car ce n’est pas une bonne nouvelle d’annoncer le non-renouvellement d’un contrat à quelqu’un, surtout pour un poste qu’il convoite. En tant que directeur, il dit ne pas connaître la réaction émotive qu’une personne peut avoir quand elle apprend ce genre de nouvelle. « Je ne dis pas qu’il (M. Violette) aurait eu ces intentions, je dis juste, objectivement, que j’ai pris les moyens pour ne pas avoir de préoccupations. »
Compétences
Pour décréditer l’hypothèse du manque de compétences justifiant le non-renouvellement de son contrat, Donald Violette fait état de ses accomplissements, entre autres les ententes de financement obtenues auprès de Patrimoine canadien et du gouvernement territorial, les ententes de services avec des établissements postsecondaires francophones au Canada et la tenue d’une activité d’information permettant à des finissants franco-ténois de s’inscrire à deux de ces établissements.
Le président de la FFT, Richard Létourneau, en tant que porte-parole du CA de la FFT, défend la décision du conseil en soulignant que Donald Violette n’a pas été renvoyé, mais qu’il a bel et bien terminé son contrat. Au lieu de lui verser un dédommagement pour les vacances accumulées, il a été résolu de lui donner ses congés payés. En entrevue, M. Létourneau a ajouté que « durant son contrat, les membres du CA ont eu l’occasion d’avoir certains questionnements par rapport aux résultats que (Donald Violette) a atteint ». « Le CA faisait face à une situation où il fallait embaucher une personne pour la direction du Collège, et il s’est avéré qu’en fonction de nos questionnements, et bien, il ne semblait pas indiqué que Donald Violette soit la personne appropriée pour devenir le nouveau directeur général du Collège », a continué Richard Létourneau.
Pourtant, Donald Violette y tient opiniâtrement! Il affirme n’avoir jamais reçu d’évaluation formelle et estime que plusieurs membres du CA de la FFT n’ont pu voter sa fin de contrat en connaissance de cause. Il évoque une influence évidente de Léo-Paul Provencher, directeur du personnel de l’établissement, et suppose que la seule raison de son congédiement repose sur un désaccord entre le DG de la FFT et lui portant sur l’utilisation des fonds dédiés au développement du Collège.
Autonomie
Depuis sa mise en place en juillet 2008, le Formacentre devenu le Collège des TNO est toujours resté sous la tutelle de la FFT, même quand celui-ci s’est incorporé en mai 2009. Depuis son entrée en fonction, M. Violette était un employé de la FFT, et c’est seulement depuis septembre 2009 que ses payes lui provenaient d’un compte attribué au Collège des TNO. Donald Violette soutient que le Collège tenait sa stabilité financière et s’approchait de la stabilité de sa gouvernance, qui sont les deux conditions statuées, il y a quatre ans, par la FFT, pour qu’un organisme puisse quitter la tutelle de la Fédération.
Après avoir joint, au mois de décembre, le CA du Collège à celui de la FFT et fermé le compte du Collège, la Fédération franco-ténoise maintient que le processus d’autonomie est toujours en déroulement pour le CTNO. D’après le président de la FFT, même si l’objectif est encore là, il était un peu prématuré d’avoir actuellement un conseil des gouverneurs pour le Collège. « La séparation CA CTNO et CA FFT a compliqué un peu les choses. Il n’était pas nécessaire d’avoir des membres différents sur les deux CA. […] Il n’y avait pas de nécessité d’avoir deux comptes de banque, et l’on a jugé que c’était simplement de la saine gestion que de fermer le compte du Collège en attendant », de justifier Richard Létourneau.