L’étude de faisabilité pour mettre sur pied un centre des arts et de la culture à Yellowknife tombe à l’eau.
Par une lettre adressée à Réjean LeFort, président de l’Association franco-culturelle de Yellowknife, le ministère du Patrimoine canadien a mis fin aux espoirs d’effectuer une étude sur les infrastructures nécessaires pour développer le potentiel artistique des communautés francophone et multiethnique de Yellowknife.
Selon la lettre reçue le 15 février dernier, Patrimoine canadien souligne des lacunes au sein du dossier qui leur a été présenté dès le mois de septembre 2009. Mais, afin de mieux justifier son refus de financer une telle étude, Patrimoine canadien détaille que la totalité des 60 millions de dollars du Fonds du Canada pour les espaces culturels a déjà été distribuée, et il avance que « même si [le projet de l’ACFY] avait fait l’objet d’une recommandation favorable, il n’y aurait plus eu de fonds disponibles pour assurer sa réalisation ».
Réjean LeFort affirme que c’est ce manque de franchise qui l’irrite particulièrement. « Nous allons respecter leur décision, mais je considère que la façon dont ils nous ont donné leur décision est un manque de respect. Nous les avons rencontrés à plusieurs reprises et à chaque fois, tout était beau financièrement », dit-il en imageant que Patrimoine canadien les a fait marcher avec une carotte qui n’existait pas.
M. LeFort explique que le directeur général de l’AFCY, Roland Charest, avait été proactif dans ce dossier depuis qu’à l’Assemblée générale de l’Association de 2008, les membres et son conseil d’administration l’avaient mandaté de trouver des locaux pour abriter les activités culturelles et artistiques de l’Association. « Nous avions déjà trouvé deux consultants qui étaient prêts à remettre une étude avant la fin mars 2010. Nous avons déjà engagé 6 000 dollars, car en décembre et en janvier, on nous assurait qu’il y avait des fonds », précise Réjean LeFort.
Roland Charest ne peut réprimer sa déception par rapport à la réponse qui lui a été servie. « On rencontrait toutes les normes du programme. Tout allait bien en décembre, même si on a dû diminuer le budget de l’étude car notre dossier n’a pas été traité en septembre quand il a été déposé. Ils l’ont traité en janvier et ont commencé à chercher des petites bêtes à notre dossier », s’étonne-t-il. Pour le directeur général de l’Association, il aurait été plus facile de trouver 60 000 dollars sur un budget de 60 millions de dollars que de trouver 6 000 dollars de dépenses encourues dans les « modestes budgets » de l’AFCY. Roland Charest explique ce revirement de situation par les coupures budgétaires du gouvernement Harper. « Ils [Patrimoine canadien] m’ont répété que notre projet était prioritaire. Pour moi, ce projet n’a plus fonctionné suite à l’annonce en janvier sur le déficit anticipé de 55 milliards de dollars du gouvernement fédéral. »
Paul Gallant, l’un des consultants qui devait travailler en collaboration avec l’AFCY, trouve « injuste » que la communauté francophone des TNO ne puisse même pas accéder au stade d’étudier la question d’un centre culturel. « Je trouve ça regrettable. Les études, ce n’est pas très dur à financer. Je trouve cela étrange, car un tel centre n’existe pas aux TNO et la francophonie ne peut même pas savoir si c’est faisable ou non », commente-t-il. Ce Néo-Écossais souhaite que le projet de centre culturel ne meure pas. Il conseille à l’AFCY de ne pas se décourager et prend exemple sur l’expérience de sa propre communauté. « Ça nous a pris du temps, plusieurs études, et plusieurs ministères! Mais, on a un beau centre maintenant à Chéticamp. »
Le président de l’AFCY estime que le projet du centre n’est pas enterré, mais précise qu’il en revient à son CA de décider comment l’Association doit poursuivre le dossier. Il n’en reste pas moins, selon Réjean LeFort, que l’espace de l’AFCY ne convient plus aux besoins des futurs 250 membres visés par l’organisme au cours de cette année, qui marque son 25e anniversaire.
Questionné au sujet du manque de franchise mentionné par M. LeFort, Patrimoine canadien a répondu à L’Aquilon qu’« avant de soumettre une demande, les organismes ont été encouragés à communiquer avec leur bureau régional de Patrimoine canadien afin de discuter de leur projet avec un conseiller ainsi que la disponibilité des fonds. Lors de ces discussions initiales, les organismes ont été informés que les fonds étaient limités ».