le Samedi 7 juin 2025
le Jeudi 25 mars 2010 15:53 Société

Formation adaptée L’Internet en lunettes noires

Formation adaptée L’Internet en lunettes noires
00:00 00:00

Non-voyants ou personnes à visibilité réduites peuvent eux aussi surfer sur la toile.

 

Cherryl McNab est aveugle depuis son enfance, elle utilise régulièrement un ordinateur depuis plusieurs années et maintenant, elle enseigne à d’autres les possibilités infinies qu’offre l’Internet au monde des non-voyants. « J’utilise le Web pour effectuer des recherches. Je vais un peu partout au Canada pour donner ces ateliers aux non-voyants, et à chaque fois, j’aime bien me renseigner sur les villes que je visite. J’utilise aussi les réseaux sociaux et je profite des livres audio accessibles sur Internet. »

C’est avec cette assurance et cette expertise que Cherryl McNab a présenté, à Yellowknife, un atelier de dix jours organisé par l’Institut national canadien pour les aveugles (INCA) à une douzaine d’étudiants provenant de six collectivités différentes des TNO. Sans notions informatiques requises pour participer à ce cours, certaines personnes découvraient cette interface, qui est normalement associée à un écran d’ordinateur. Mais comme le remarque Brian Wice, qui intervient également à titre d’enseignant pour cet atelier : « pour les non-voyants, ils n’ont besoin que de l’ordinateur, du clavier sans souris et du logiciel pour accéder au monde informatique, l’écran est superflu ».

L’atelier se concentre sur l’apprentissage d’un logiciel dépendamment si l’étudiant est non voyant ou s’il possède une visibilité réduite. Le logiciel Jaws formule une voix électronique qui décrit chaque étape du cheminement alors que l’utilisateur navigue à travers les menus des programmes et les différentes actions possibles. Lorsque le curseur clignote sur un courriel dans une boîte de réception, une petite voix énoncera certains renseignements du courriel avant de lire ce message électronique, si l’utilisateur le désire. Pour un utilisateur visuel, il semble un peu indigeste de nécessairement écouter cette série de « parenthèse », « tiret », « barre oblique » avant d’entendre l’objet ou l’expéditeur de ce message. Il est pourtant essentiel pour le non-voyant de savoir où il se situe exactement dans le document ou la page Internet. Sonya Rey de Yellowknife ne s’attarde pas à tout ce surplus d’information, et dit qu’elle se concentre sur ce qui est important. « Il faut beaucoup de mémoire. C’est la première fois que j’utilise les courriels et il faut que je sois patiente pour avoir une bonne idée de toute cette organisation », explique cette non-voyante. Cherryl McNab raconte qu’il lui a fallu quelques mois pour bien apprivoiser le logiciel et être efficace avec cette voix informatique qui lui parle constamment. « Ça ne me prend pas beaucoup plus de temps pour naviguer que pour un voyant, car je me suis habituée à une voix électronique qui parle comme les Chipmunks, donc l’information m’est transmise relativement vite », sourit-elle.

Pour les étudiants à vision réduite, le logiciel utilisé, Zoom Text, permet de faire un agrandissement pouvant aller jusqu’à 36 fois la taille habituelle. « Encore là, on utilise un clavier sans souris et beaucoup de raccourcis clavier », explique Brian Wice, qui a perdu une partie de sa vision en 1990. Marilyn Green utilise déjà ce logiciel sur son ordinateur qu’elle possède à Hay River. Elle assure que c’est un outil qui marche vraiment bien et que c’est un défi de ne pas utiliser de souris. « Je suis très contente d’avoir eu accès à cette formation, et le fait que nos instructeurs soient si performants alors qu’ils sont dans la même position que nous, c’est très encourageant. Car même si je vois encore un peu, ça peut arriver à tout le monde de devenir aveugle », constate-t-elle.

La ministre de la Santé et des Services sociaux, Sandy Lee, et le ministre de l’Éducation, de la Culture et de la Formation, Jackson Lafferty, sont venus féliciter les étudiants pour leurs efforts et leur ouverture vers le monde extérieur. Le ministre Lafferty a dit espérer pouvoir offrir un atelier de mise à jour l’an prochain et essayer de prévoir des formations au sein des collectivités elles-mêmes plutôt que de faire voyager les étudiants.