Journalistes, chercheurs, jeunes et intervenants se sont réunis autour d’un même thème, la fin de semaine dernière, à Ottawa, lors du tout premier Congrès Jeunesse de l’Association de la presse francophone (APF) : l’avenir des médias francophones communautaires via la jeunesse. Quoi faire?
Dans le cadre de son plan stratégique, l’APF s’est donnée comme mandat de s’intéresser à la relation entre ses journaux et la jeunesse, cette dernière n’étant rien de moins que son lectorat de demain ainsi que sa relève du futur.
Pour répondre à son objectif de « mieux cerner les besoins et les intérêts de la nouvelle génération face à la presse communautaire francophone », l’APF a créé, cette année, son premier Congrès Jeunesse. Une initiative pancanadienne qui s’est déroulée du 26 au 28 mars dernier, à l’hôtel Lord Elgin d’Ottawa.
Dans cette génération « zapping », pour les accrocher, il faut leur donner du pouvoir. Un pouvoir qu’ils ont l’habitude d’avoir, de nos jours, grâce à toutes les nouvelles technologies. Pour les rejoindre? Facebook, Twitter, et toute l’artillerie qui l’accompagne et qu’on appelle le « web 2.0 ».
Les membres réunis en tables rondes en sont tous venus à la même conclusion : les jeunes veulent se voir, ils veulent participer, mais, surtout, on doit leur donner la chance de s’impliquer.
« Si, moi, je suis un jeune et qu’on m’appelle un jeune, c’est parce que c’est un adulte qui me parle », a déclaré, d’entrée de jeu, Jean Fontaine, animateur des ateliers du Congrès et chef de pupitre au Téléjournal de Radio-Canada du Manitoba. Ce qu’on veut dire par là, c’est qu’il faut éviter de prendre les jeunes pour des enfants. « Je n’ai jamais été intéressée par un journal des jeunes », a-t-on d’ailleurs entendu d’une étudiante, aussi approuvé par quelques-uns de ses pairs. « C’était trop "bébé" », s’est rappelé un autre jeune.
Outre l’intérêt des jeunes à lire les journaux, les participants du Congrès se sont penchés sur un moyen d’assurer la relève professionnelle au sein des médias communautaires francophones. S’assurer de créer des liens avec les institutions d’enseignement, favoriser l’encadrement lors de l’entrée en fonction d’un jeune journaliste et faire connaître les avantages de travailler pour ces médias sont toutes des solutions qui ont été apportées.
Les conférenciers, Mme Diane Gérin-Lajoie, professeur titulaire à l’Université de Toronto, M. Luc Dupont, conférencier, professeur et auteur à l’Université d’Ottawa et Mme Hélène H. Leone, doctorante à l’Université d’Ottawa, ont transmis aux membres du congrès un message clair : les jeunes ont le plein pouvoir de leurs choix. Ils ne veulent pas n’importe quoi.
Mme H. Leone l’a confirmé, dans sa conférence portant sur « la représentation identitaire des jeunes en situation francophone minoritaire à travers les médias sociaux », les deux mots qui reviennent le plus souvent chez les jeunes : choix et habitude. Et ces derniers expriment ces mots via, entre autres, leurs activités sociales, qui passent inévitablement par les médias sociaux.
Même concept de « choix » et d’« habitude » du côté de Mme Gérin-Lajoie, les jeunes se choisissent eux-mêmes une identité, qu’elle soit bilingue, francophone ou anglophone. Ils sont conscients des choix qu’ils font et ils ont l’habitude d’en faire.
Pour M. Dupont, cela va encore plus loin. « On efface tout et l’on recommence », a-t-il lancé à la salle, pour cimenter l’idée que l’information prenait une nouvelle tangente, et qu’il revenait aux médias de s’y adapter. « Les jeunes sont les patrons », a-t-il averti, en ajoutant que, pour eux, Internet devenait un prolongement de leur personne. Il fallait donc, plus que jamais, qu’en plus d’avoir un site Web, un média doit se faire entendre et se faire voir sur les réseaux sociaux.
Cela étant dit, le Congrès Jeunesse a soulevé bien des questions, en plus de suggérer des réponses. « L’atteinte de nos objectifs est à portée de main », a d’ailleurs déclaré Étienne Alary, membre du conseil d’administration de l’APF. On peut déjà flairer que cette rencontre pourrait bien devenir une tradition annuelle…