Son nom: Michel Martel
Sa devise: faire ce que l’on aime
Michel « frappe dedans la vie à grands coups d’amour » comme le chantait un certain Gerry Boulet. J’arrive à l’école Allain Saint-Cyr pour voir l’artiste à l’oeuvre et quel accueil. Michel Martel m’adresse un sympathique « Salut ! », et se dirige vers le petit radio qui laisse entendre la voix du grand rockeur Boulet. Il baisse le son… Dommage, c’était bon d’entendre le grand hurler de sa voix rauque!
Natif de la région d’Ottawa, Michel prend la route du Grand Nord en 1994 pour suivre son épouse qui a obtenu un transfert à Yellowknife. De mécanicien à artiste, il n’y qu’un pas que Michel n’hésite pas à franchir, même s’il avoue qu’on ne peut pas vivre uniquement du vitrail à Yellowknife. Il a travaillé de nombreuses années comme mécano mais « sa santé » lui a gentiment suggéré de se tourner vers autre chose. Élevé dans une famille où les artistes abondent (son cousin a étudié l’art à l’université, sa tante faisait du théâtre…), il a développé ce don naturel. D’ailleurs, Michel fabriquait des mobiles en vitrail depuis une quinzaine d’années avant de faire le grand saut en juin 1999 en se lançant en affaires dans l’art du vitrail et en fondant la compagnie Visions. « Je me perds dedans (son travail). Le temps passe et la première chose que je sais c’est qu’il est rendu 10 h du soir », s’exclame Michel. L’artiste adore représenter des scènes inspirées de la nature environnante. Même s’il aime l’art abstrait, il fait dans le très concret en reproduisant des scènes traditionnelles autochtones. « Le plus dur, c’est de créer la pièce d’abord sur papier, de l’imaginer, de trouver les dessins. Parfois, on me demande une commande en me disant simplement : « Fais-nous quelque chose sur le thème : « diamants sur la glace » pour les Jeux d’hiver de l’Arctique ». J’ai finalement conçu un petit diamant qui patinait. J’ai mis six heures à élaborer cette petite pièce », poursuit l’artiste.
Michel travaille actuellement sur le projet Luminosités qui comporte deux volets. Le premier volet consiste à fabriquer quatre panneaux en vitrail, dont la feuille d’érable en page 1, qui seront exposés dans les fenêtres de l’école Allain Saint-Cyr. Il a mis quelques jours pour réussir à dessiner un croquis de la feuille d’érable qui fasse son affaire (et celle de l’école bien sûr!). Après 150 heures de travail, le résultat est… je ne vous en dis pas plus long, venez le voir à l’école, si vous en avez la possibilité bien sûr! La feuille d’érable est le premier des quatre dessins qui seront construits avec l’aide des jeunes étudiants. Michel utilise trois principales sortes de vitrail : le « cathédrale » (on peut lire au travers en mettant une feuille de papier sous la vitre), le « semi-opalescent » (vitre claire ou floue par endroits) et « opalescent » (on ne voit pas du tout au travers).
Le deuxième volet du projet repose entre les mains des élèves d’Allain St-Cyr. « Le travail en équipe, c’est ce qui manque aujourd’hui », soutient Michel qui entend remédier à cette situation. L’heure est à l’initiation, puisque les élèves de 6e et 7e années participeront également à la mise en ¦uvre de volet et leurs idées vont devenir réalité et prendre forme! Cette seconde phase consistera à amener les enfants à décorer les vitres de leurs classes avec des vitraux dont ils auront choisi les concepts et les couleurs.
Outre ce projet, l’artiste chérit un grand rêve : restaurer une église. « Pas parce que je suis pratiquant », précise-t-il en riant. Des projets, il en a plusieurs, dont celui d’opérer un petit « Bed n’Breakfast » dans le montagneux Yukon. « Ici, tu ne vis pas du vitrail. Au Yukon, il y a plus de touristes et ils sont les principaux acheteurs de mes oeuvres. « J’aimerais beaucoup ne plus dépendre des commandes et de l’art commercial. Michel souhaite un jour vivre de son art personnel, c’est-à-dire : produire et apposer sa signature sur des oeuvres uniques sorties des brumes de son imagination !
Et s’il a un conseil à donner à ceux qui n’osent pas c’est : « Faites ce que vous aimez. Il faut avoir du plaisir dans ce que l’on fait. »