« Au mois de janvier de je ne sais plus quelle année, il ventait et faisait froid, un froid sibérien… Quand je me suis présenté devant l’audience pour lancer le premier journal francophone des TNO, j’ai dit tout haut : “L’Aquilon, c’est le journal À QUI L’ON dit tout”. »
Eh oui! Si Allain St-Cyr n’a pas été l’un des bâtisseurs de l’école qui porte son nom, il n’en est pas moins celui qui a mis sur pied ce journal. Quelques années auparavant, il a également été le premier président de l’Association franco-ténoise qui, par la suite, est devenue la Fédération franco-ténoise. C’est finalement grâce à Allain St-Cyr que l’on ne s’appelle pas les « Territoriens du Nord-Ouest », après qu’il se soit réveillé un matin avec le nom Franco-TéNOis en tête, qui a été accepté par les membres de son conseil.
« Quand je suis arrivé, le fait français n’avait pas vraiment confiance. La première année que je suis arrivé, j’entendais parler français dans la rue. C’était évident qu’il y avait une francophonie, mais elle n’était pas organisée », se remémore-t-il, ajoutant que par le passé, les gens ont essayé d’organiser des choses qui ont porté fruit mais qui sont tombées à l’eau par la suite. Il raconte qu’il a placé une annonce dans le Yellowknifer pour convoquer les gens à une rencontre un dimanche soir. « Je voulais juste qu’on se parle et connaître l’intérêt, dit-il. Je n’avais pas l’intention de prendre quelconque responsabilité, je me disais que le leadership se montrerait par lui-même durant la rencontre, qui a regroupé une trentaine de personnes. » Finalement, ce fameux dimanche soir, il est reparti président, Johanne Walsh fut élue vice-présidente, Johanne Denault, secrétaire, et Françoise Burns, trésorière. « Une fois l’Association créée, il fallait bien faire des activités, et de fil en aiguille ça a commencé à rouler. Moi, j’aimais la danse traditionnelle, et une personne qui en savait un peu plus que nous autres est arrivée en ville. On a appris la danse carrée et d’autres formations de danse sociale. On a monté une troupe de danse très sollicitée qui s’est appelée Les cotillons sur neige. Ensuite, je suis parti en 1987 de Yellowknife pour retourner en Saskatchewan, car ma femme est morte en 1985. »
Pourtant, l’école francophone de Yellowknife n’a pas été nommée Allain St-Cyr d’après ses pas de gigue, mais bel et bien en reconnaissance de son travail de première ligne pour le fait français, notamment pour l’instauration des programmes d’immersion dans cette capitale des années 1980 où seul le français de base était enseigné. « On était que cinq professeurs de français de base dans les cinq écoles de la ville. Et je voyais à ce moment là que l’immersion faisait fureur dans le reste du pays. Je me suis dit qu’à Yellowknife, il y aurait assez de gens qui seraient intéressés par ce genre de programme. Alors, j’ai formé un autre petit comité avec des parents qui étaient d’accord, puis nous sommes allés voir la commission scolaire publique et nous avons fait des études et des sondages qui ont démontré un besoin pour une vingtaine d’élèves en 4e année. Plus tard, je voulais quelque chose pour que mes enfants apprennent le français plus tôt. Ce fut alors un autre comité, d’autres études et une autre requête pour débuter l’immersion dès la maternelle à YK1. Mais ils nous ont répondu “non”. » Ainsi, Allain St-Cyr explique qu’il y a plus de 25 ans, le comité s’est tourné vers la commission scolaire catholique, et qu’un programme fut mis en place à St. Joseph dans la même année.
Allain St-Cyr avoue qu’il était très surpris lorsque, quelques années après son départ, on lui a demandé s’il accepterait que la première école francophone des TNO porte son nom. « Mais je suis pas mort », s’était-il exclamé, touché par cette reconnaissance.