L’avenir du journalisme dans un milieu minoritaire francophone au Canada pourrait être menacé, si l’on en croit une partie des résultats de la recherche publiée, ce mois-ci, par un chercheur de l’Université d’Ottawa.
L’avenir du journalisme dans un milieu minoritaire francophone passe obligatoirement par l’avenir de la francophonie. Or, dans son enquête sur les enjeux du journalisme en milieu minoritaire, Marc-François Bernier, titulaire de la Chaire de recherche en éthique du journalisme de l’Université d’Ottawa, a soulevé un point important : « Objectivement, l’avenir linguistique francophone au Canada est sous pression. » Invité en entrevue à la Radio Taïga, par le journaliste-animateur Batiste Foisy, il a partagé des résultats de son enquête.
Le journaliste et son auditoire… francophone
Le journalisme subvient à ses besoins grâce à un lectorat et des auditeurs, si ces derniers sont en baisse, son avenir est menacé. Dans le cas de la francophonie canadienne, explique M. Bernier, ce sont les francophones qui constituent ce public dont dépend le journalisme pour survivre. Hors du Québec, la situation n’est pas rose.
« L’audience vieillit, il ne faut pas se le cacher, et elle se renouvelle peu. Elle se renouvelle peu, partout au Canada, mais c’est encore plus présent et plus ressenti chez les journalistes des provinces de l’Ouest », rapporte le titulaire de la Chaire de recherche. Il partage que, dans les questionnaires envoyés, si les journalistes ont parfois fait preuve de ce qu’il appelle « un optimiste de bon aloi », ils ont avoué devoir faire face à des difficultés de plus en plus grandes. Ces difficultés prennent différentes formes : compétition anglophone, manque de ressources, etc. Outre toutes ces difficultés, M. Bernier a rappelé la baisse continue du nombre de francophones en milieu minoritaire au Canada : « Il (le nombre de francophones) chute en nombre absolu et en proportion ». Si le phénomène est moins senti dans l’est du pays, il fait de moins en moins de doute dans l’Ouest canadien.
Malgré des « résultats sévères et inquiétants », il semblerait, selon M. Bernier, que les journalistes ne soient pas prêts à se laisser abattre. En effet, près de 63 % d’entre eux se sont dits en désaccord total quant à l’énoncé qu’il n’y avait pas d’avenir à long terme dans le journalisme hors-Québec. Si le chercheur considère que le tiers des journalistes affirmant qu’ils font de l’information de moins bonne qualité qu’un grand quotidien national, par exemple, fait preuve de « lucidité », il n’en demeure pas moins que 50 % d’entre eux soutiennent que la qualité n’en est pas moins ou plus affectée…
Un débat à suivre…