C’est assise, devant mon ordinateur, que je repense à Mason Bruneau, la première fois que je l’ai interviewé. Les pieds traînant, les yeux au sol, le iPod rivé sur les oreilles (c’était à se demander si il n’était pas vissé là), autant dire qu’il avait l’air d’avoir mieux à faire que de parler avec la nouvelle journaliste. On s’en est sorti. Mason a toujours bien dit une phrase ou deux que je pouvais reprendre, en plus de me laisser tomber qu’il aimait jouer aux échecs et aux jeux vidéo.
Cette semaine, c’est au téléphone que j’ai pu parler à Mason, pour trouver un temps d’interview.
« Hey! Salut! », m’a-t-il répondu d’un ton jovial.
Puis, il m’a répondu tout de go : « 15 h 30 c’est bon ça, tu devrais me trouver à la table de ping-pong! ».
Wow.
C’est dire comment les temps ont changé, depuis un an, presque jour pour jour. Si ce changement est notable pour moi, il l’est encore plus pour sa famille, son entraîneur, ses enseignants et la communauté qui grouille autour de l’école Boréale. D’étudiant paresseux, il m’a confié cette semaine que, sauf les devoirs (avec un clin d’œil), tout allait bien à l’école. D’habitudes alimentaires qu’il basait sur ce que lui offrait le dépanneur, il est devenu un exemple « santé » pour ses camarades de classe. Bientôt, on ne pourra sûrement plus faire le décompte de ses médailles, puis de ses championnats. Son dernier honneur : recevoir la reconnaissance sportive du Aboriginal Sports Circle NWT. C’est être reconnu comme autochtone, être le premier francophone à recevoir un tel prix, mais surtout, surtout, c’est être le premier de sa famille.
Sa mère, Yvette, fidèle à son poste, était assise à la table de son fils au gala de l’ASCNWT, son père, descendu d’Edmonton, y était aussi.
C’est assise, devant mon ordinateur, que je repense à tous ceux qui, depuis des années, croient en Mason, à tel point qu’aujourd’hui, il croit vraiment en lui-même.
« Je veux battre Mario (son entraîneur) », a d’ailleurs dit le colosse, en riant.
Une seule chose à dire : Attention Mario.
(BRAVO MASON!)