Une Franco-Ténoise devient la première cinéaste des TNO à présenter un film au festival Hot docs de Toronto.
Le feu vient de passer au vert pour France Benoit, cinéaste indépendante franco-ténoise. Son dernier film de huit minutes, Hand To Toe, sera projeté à trois reprises lors du plus couru des festivals de documentaires en Amérique du Nord, le Hot docs de Toronto.
« Un soir, j’étais à Vancouver où je présentais ce film. Je rentrais à mon hôtel après une journée complète à baigner dans l’industrie. J’étais contente de ce que j’avais fait et je me disais que cette projection à Vancouver serait un bon moment pour tourner la page et de peut-être passer à autre chose. Mais dans ma chambre, j’ai ouvert ma boîte de courriels et là j’ai lu un message m’annonçant que mon film venait d’être sélectionné pour le festival Hot Docs », témoigne France Benoit, qui avoue être encore surprise de cette nouvelle.
Le festival Hot Docs, en 2011, c’est 199 sélections officielles provenant de 43 pays différents, et, pour la première fois depuis ses débuts en 1993, le festival présentera un film provenant des Territoires du Nord-Ouest. Pour France Benoit, cette sélection matérialise un rêve que tout cinéaste souhaite concrétiser durant sa carrière, et semble avoir ragaillardi ses ambitions. Avec un peu plus d’un mois pour se préparer, Mme Benoit compte bien optimiser sa visite sous les lumières de la ville reine. Sachant qu’elle ne pouvait pas ne pas assister à ses projections, France Benoit s’est présentée au ministère de l’Industrie et a demandé une subvention pour se rendre au festival. « Accordé! s’exclame la cinéaste en entrevue. Beaucoup de chemin s’est fait depuis quatre ans et depuis que j’ai décidé de me lancer dans les documentaires à point de vue. Le ministère comprend un peu mieux la réalité d’un réalisateur indépendant et les défis que cela entraîne, même si pour l’instant, l’industrie du cinéma ténois, c’est comme celle du diamant ou du gaz : Nous sommes pleins de ressources, mais elles sont exploitées par les autres de l’extérieur. Il est temps que nous racontions nos histoires à nous. »
Lors d’un rendez-vous tel que le festival Hot docs, le film devient une carte professionnelle, une porte ouverte sur tous les projets d’un cinéaste. Les producteurs, les diffuseurs, tous sont présents durant cette quinzaine où le public est essentiellement composé de deux groupes. Le groupe de monsieur et madame tout le monde qui veulent en avoir plein les yeux et le groupe de l’industrie qui découvrira, réseautera et développera des projets.
« Jusqu’à mon départ, je prépare mon arrivée! », image France Benoit qui dit structurer ses idées de films, développer de nouveaux concepts et planifier certaines rencontres. « J’ai envie de poursuivre sur ma lancée et de réaliser une trilogie sur l’art de donner. Toujours en noir et blanc avec mon directeur photo et monteur Gary Milligan, avec des scènes qui démontrent des gestes tout simples, mais dont la portée est tellement plus grande ». Le film Un pied dans la main (VF) dépeint la confiance qui se tisse entre bénévoles de l’Armée du Salut de Yellowknife et clients, le plus souvent des itinérants, alors que les uns soutiennent le regard des autres au moment où ils massent, lavent et curent leurs pieds. Si France Benoit reconnaît que cette sélection peut faire une différence dans sa carrière, elle pense également que c’est une très belle occasion pour sensibiliser les gens à ce programme d’entraide et espère pouvoir inciter d’autres communautés à instaurer un tel soutien aux plus démunis. « Il y a un grand bénéfice à ce que ces itinérants reçoivent ces soins. Ça permet de garder ces individus engagés dans le système. Ils viennent, ils reviennent, il y a un suivi, une confiance qui peut s’établir. Le bénévole peut suggérer une visite chez le médecin, ou référer un contact à cette personne », explique-t-elle.
À Toronto, le film Hand To Toe : An Exploration in the Art of Giving sera présenté le 2, le 4 et le 8 mai.
