Un ami m’indiquait récemment son intention de voter stratégique. Il n’allait pas voter pour le même parti qu’aux dernières élections. Ce n’est que quelques jours plus tard, en préparant notre spécial sur les élections fédérales 2011, que je me suis mis à réfléchir à cette notion. Ce n’est pas une notion nouvelle. On entend parler de « vote stratégique » à toutes les élections. Mais qu’est-ce qu’un vote stratégique?
En lisant différentes opinions sur le sujet, il est certain que ce vote stratégique se distingue du vote de principe ou vote de conviction. En essence, le vote de conviction (ou de principe) est celui qui repose avant tout sur un rapprochement de nos idéaux personnels avec les plateformes électorales et les visions du Canada que nous offrent les différents partis politiques.
De son côté, le vote stratégique est celui qui fait en sorte que l’on base notre vote plus sur un calcul d’intérêt politique que sur des convictions ou une philosophie de la vie.
Le vote stratégique est parfois un vote négatif. On ne vote pas pour tel ou tel parti, mais simplement pour le parti qui assurera la défaite d’un autre parti qui nous déplaît au plus haut point. Mais une analyse intéressante du groupe Démocratie en surveillance, lors des élections de 2008, démontrait qu’un très petit nombre de circonscriptions canadiennes se prêtaient à un tel calcul politique. En effet, il n’y a pas de place pour de tels calculs dans des circonscriptions où le député sortant avait amassé des dizaines de milliers de votes de majorité.
Le vote stratégique est aussi parfois un vote défaitiste. Ainsi, un électeur peut considérer voter stratégiquement en faveur d’un parti politique qui lui déplaît pour la simple raison que ce parti a le vent dans les voiles et est assuré de former le prochain gouvernement. Stratégiquement, cela peut être avantageux d’avoir un député au sein du gouvernement.
Mais dans notre régime parlementaire, il est presque assuré qu’aucun gouvernement ne pourra amasser une majorité de votes, les gouvernements devant se contenter d’une majorité de sièges (quand c’est possible). Le vote stratégique a alors un certain poids dans cette équation politique.
Je termine en citant un commentaire paru dans Le Devoir, le 5 juin 2004 : « Ceux qui votent par conviction sont rarement déçus de leur choix, ce qui n’est pas le cas de ceux qui font un vote stratégique. »