Les dinosaures du rock bousculent les ondes de la radio francophone ténoise.
Metallica sortaient And justice for all, Björk lançait sont premier album avec un groupe nommé Sugarcubes, Dire Straits chantait Money For Nothing. 1988, c’est l’année de naissance de Valérie Desjardins, la dernière animatrice à investir le studio de Radio Taïga pour diffuser la musique qu’elle aime : « Le vrai, le pur, le lourd, le gros, le fort, le vieux… le rock and roll ».
Avec son émission Tyrannosaure, la jeune francophone fait tourner des morceaux d’une autre ère. La presque totalité des formations qu’elle diffuse ont disparu, ont été dissoutes, font partie d’une race éteinte, mais demeurent légendaires. Pour elle, pourtant, il n’y avait pas d’autre alternative musicale que cette musique qui « lui redonne un plus à la vie ». « Oh ouais, le rock and roll, c’était la seule option », admet Valérie Desjardins, qui ne se cache pas en ondes pour rappeler qu’un de ses groupes fétiches n’est autre que le phénomène britannique de l’année 1970, T-Rex.
« Depuis que je suis arrivée [à Yellowknife], j’ai été sollicitée pour faire une émission de radio. Et c’est plus par paresse qu’autre chose que je ne l’ai jamais fait. Récemment, Pierre est revenu avec cette opportunité et j’ai encore été réfractaire. Finalement, j’y ai pensé et je me suis dit que ce n’est pas partout où j’aurais deux heures en studio et avoir carte blanche sur la musique que je veux faire jouer. »
Alors elle en profite, elle s’amuse à préparer son émission et surpasse les limites des ondes hertziennes avec la mise à jour d’une page Facebook au nom de son émission. Même si elle n’avait jamais touché une console de son avant la mi-avril 2011, Mlle Desjardins n’a pas vraiment fait cas de l’aspect technique, se disant que de toute façon c’était une chose qui venait avec la diffusion musicale. Elle a décidé de structurer son émission par ordre chronologique et de respecter une évolution dans la ligne du temps des morceaux qu’elle propose. « En début d’émission, à six heures, c’est les sixties et à sept heures, c’est les années 70. Et en fin d’émission, je lance une perche vers autre chose qui arrive un peu plus tard », dit celle pour qui le côté informatif de son émission était primordial. À chaque trois chansons, sa jeune voix dynamique et timbrée annonce les interprètes, les titres et les albums des chansons syntonisées par ses auditeurs. « J’essaye de faire un travail de recherche pour trouver des informations intéressantes sur les morceaux. Je trouve ça génial de dire d’où la chanson vient et pourquoi pas ce qui a inspiré le compositeur. La musique rock a tellement transformé l’univers musical, et c’est une musique tellement riche qu’on ne peut pas passer à côté. Mon but est de rentrer en contact avec des groupes contemporains et diffuser leur musique à la fin de mon show, comme pour démontrer l’intégration de ces légendes à la musique actuelle. »
La toute dernière bénévole du 103,5 FM, estime qu’elle dédie une heure par jour à la préparation de son émission hebdomadaire, mais déjà elle voudrait réaliser une émission de trois heures. « Je trouve que c’est trop court deux heures, j’aimerais faire jouer plus de musique encore », s’emballe-t-elle. Alors qu’elle réfléchit à l’outil culturel qu’est la radio communautaire, Valérie Desjardins estime que Radio Taïga est en train de créer une communauté de personnes qui apprécient la musique et qui veulent partager cet élan. « C’est un plaisir de mettre en ondes la musique que tu aimes. Tu diffuses, et après pouf c’est parti, n’importe qui peut t’écouter. C’est unique et éphémère. »
Pierre Petiote, le directeur de la programmation du CIVR 103,5 FM, est ravi du dynamisme et du déclic qui s’est produit chez plusieurs bénévoles qui remplissent maintenant la plage horaire des soirs de semaine. « Nous avons une production locale de 18 h à 22 h chaque soir sauf la fin de semaine. C’est super, on dirait que c’est seulement maintenant que les gens réalisent qu’ils peuvent personnaliser la radio à leur image. À l’instar de Valérie qui amène une très belle couleur sur nos ondes », de témoigner M. Petiote, en ajoutant qu’il reste plusieurs créneaux musicaux et de plages horaires à personnifier.