La recette préconisée par le commissaire aux langues officielles, Graham Fraser, pour améliorer l’application de la Loi sur les langues officielles est simple : le gouvernement doit faire preuve de leadership.
Cette formule, qui s’adresse aussi au dossier de la promotion de la dualité linguistique au Canada, n’a rien de nouveau. Aux Territoires du Nord-Ouest, la même constatation avait été faite lorsque le gouvernement territorial s’est retrouvé devant les tribunaux pour avoir mal appliqué sa propre loi sur les langues.
On peut montrer quelques écueils majeurs à l’application de cette formule.
Premièrement, il faut que le ministre responsable des langues officielles soit convaincu du bien-fondé de la Loi, notamment du principe d’égalité des langues officielles et de la nécessité de faire la promotion des bienfaits de la connaissance des deux langues officielles. Je crois que les derniers ministres fédéraux successifs, tant conservateurs que libéraux, répondaient à ce critère.
Deuxièmement, il y a l’appui du Cabinet aux priorités du ministre responsable des langues officielles. Là, le travail devient plus ardu. Le ministre responsable des langues officielles doit être en mesure de convaincre une majorité des quelque 30 membres du Cabinet ainsi que le premier ministre de la validité des priorités d’action de son ministère. Comme ce dossier se préoccupe des besoins de minorités linguistiques, l’attrait n’est pas aussi grand que pour d’autres dossiers globaux comme l’économie, les finances publiques, etc. Depuis des décennies, que ce soit sous les gouvernements libéraux ou conservateurs, avec ou sans premier ministre francophone, le dossier ne décolle jamais. Tout ce qu’on observe ce sont des plans d’action plutôt mitigés dont on se préoccupe peu.
C’est à ce dernier endroit que le leadership fait défaut. Sans appui du Cabinet dans son ensemble, le dossier des langues officielles devient le petit jouet personnel d’un ministre qui éprouve alors de la difficulté à s’assurer que les autres ministères suivent le mot d’ordre des plans d’action établis. Que de fois se fait-on répondre : « les langues officielles ne relèvent pas de notre ministère. Adressez-vous à Patrimoine canadien. »
Or, tous les plans d’action ont toujours eu pour base que c’est l’ensemble du gouvernement qui doit épauler les langues officielles pour être une garantie de succès. Mais sans leadership fort en la matière, les efforts sont souvent voués à l’échec.
Éditorial Faire preuve de leadership
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