La Fédération franco-ténoise, comme plusieurs autres groupes francophones canadiens, s’est présentée devant le Comité permanent des langues officielles pour discuter de la feuille de route qui viendra à échéance en 2013.
En 2008, le gouvernement fédéral a tenu à réitérer son engagement quant à la dualité linguistique des deux langues officielles au Canada.
Dans cet esprit, le gouvernement conservateur a établi un plan, la Feuille de route pour la dualité linguistique canadienne 2008-2013 : agir pour l’avenir.
Cette feuille de route a ainsi été un investissement pangouvernemental de 1,1 milliard de dollars sur cinq ans et avait deux objectifs : la participation de tous les Canadiens à la dualité linguistique et l’appui aux communautés de langues officielles en situation minoritaire.
Cela s’est observé par l’investissement dans plusieurs secteurs prioritaires, comme la santé, la justice, l’immigration, le développement économique, les arts et la culture.
« Notre pays est plus uni aujourd’hui que depuis son centenaire, avait affirmé le premier ministre du Canada Stephen Harper. Les vieilles chicanes stériles font place à une nouvelle ère de fédéralisme d’ouverture où les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux collaborent à la protection et à l’épanouissement des francophones et anglophones en situation minoritaire, et à la création d’occasions permettant à tous les Canadiens de profiter pleinement des avantages de notre dualité linguistique. »
Petit à petit, la Feuille de route s’est implantée et est devenue importante pour plusieurs organismes en milieu minoritaire.
Mais voilà, son mandat achève bientôt, puisque le plan quinquennal arrivera à échéance en 2013.
Le Comité permanent des langues officielles a donc invité les groupes touchés par la Feuille de route à exprimer leur avis et leurs recommandations sur le projet.
Pertinence
Invité à commenter, le commissaire aux langues officielles du Canada, Graham Fraser, était pleinement d’accord pour que le plan quinquennal du gouvernement fédéral continue.
« Je le dis et je le répète : j’encourage fortement le gouvernement à renouveler la Feuille de route et à mettre en œuvre un nouveau plan quinquennal, affirme Graham Fraser. Nous devons en effet protéger nos acquis et les initiatives déjà lancées dans le cadre de la Feuille de route de 2008–2013. Grâce à mes nombreuses visites dans les communautés et aux analyses que fait continuellement le Commissariat, je peux faire état de belles réussites. »
Pour lui, le gouvernement doit insister davantage sur les moyens mis à la disposition des citoyens pour perfectionner leur maîtrise de la langue seconde, comme les programmes d’échanges et les programmes de formation linguistique dans les deux langues officielles pour les nouveaux arrivants et leurs enfants.
Le commissaire insiste aussi sur le fait que malgré que cette Feuille de route cible principalement les communautés francophones en milieu minoritaire, elle ne doit pas non plus négliger les communautés anglophones en pareille situation, comme au Québec.
« En réalité, il faut que l’initiative corresponde dès le départ à la réalité propre de chaque communauté et réponde à des besoins réels, insiste-t-il. Ensuite doit s’établir un dialogue soutenu pour la mise en œuvre de l’initiative et, si nécessaire, l’initiative doit être adaptée aux circonstances de ces communautés. »
Un impact malgré l’éloignement
Évoluant en situation minoritaire, la Fédération franco-ténoise fait partie des groupes qui ont témoigné devant le Comité permanent des langues officielles.
Expliquant la situation des francophones aux Territoires du Nord-Ouest, la FFT a souligné l’importance que joue la Feuille de route dans les régions et affirmé qu’elle souhaite voir une continuation de ce plan.
« On revendique haut et fort que la Feuille de route soit renouvelée, affirme la directrice générale de la Fédération franco-ténoise, Claire Beaubien. Ici, c’est grâce à la Feuille de route que l’on reçoit notre fonds de fonctionnement, c’est une chose. Et nous souhaitons que cela soit bonifié. »
La directrice générale explique, comme il a été démontré dans le mémoire lu devant le Comité, que les Territoires du Nord-Ouest font souvent partie des négligés en ce qui a trait à ces subventions.
« Nous sommes un petit nombre dans une région avec des collectivités éloignées, ajoute Claire Beaubien, alors lorsque nous soumettons des projets comme L.A.M.A ou encore la Virée Taïga et que l’on demande 25 000 dollars en déplacements, nous avons droit aux gros yeux. Et ce ne sont pas 200 ou 300 jeunes que l’on touche, mais plutôt 80… Mais 80, c’est important pour nous, c’est même un très bon nombre. »
La Fédération franco-ténoise aimerait voir une nouvelle façon de calculer qui ne désavantage pas la petite population francophone ténoise éparpillée dans plusieurs collectivités éloignées.
Une place à l’éducation
L’éducation a fait partie des questions soulevées par le Comité des langues officielles auprès des groupes nordiques qui se sont présentés devant eux.
Plusieurs se sont aussitôt levés pour exprimer leur désir de voir plus d’investissements pour les jeunes du Nord.
« Lorsqu’on jette un coup d’œil aux investissements de la présente Feuille de route, on constate que plusieurs initiatives régionales y sont incluses […], exprime la deuxième vice-présidente de la FFT, Josianne Beaumont, dans le mémoire. En tout, 40,5 millions de dollars y sont consacrés. Nous nous désolons de voir qu’aucune de ces initiatives ne visait les Territoires, alors que nos besoins en infrastructures sont toujours aussi criants, tant au niveau scolaire que communautaire. »
Ces problèmes d’infrastructures sont évidents, surtout lorsque l’on constate que le nombre d’élèves augmente de façon exponentielle.
Mais ce phénomène ne survient pas qu’aux Territoires du Nord-Ouest, car il semblerait que la situation est très similaire à Terre-Neuve.
« À St-Jean, en 2005, l’école a ouvert avec 35 élèves, alors que cette année en septembre, elle sera ouverte à 150 élèves, affirme l’agent de projet de la Fédération des francophones de Terre-Neuve et du Labrador, Gaël Corbineau. On sait déjà qu’on sera à plus de 250 élèves en 2015. On a une explosion de nos effectifs de plus de 15 à 20 % par année, tout simplement parce que les services à la petite enfance amènent un continuum, à partir de la garderie et la prématernelle. On amène les enfants, en français, jusqu’à l’entrée de l’école. »
La Fédération franco-ténoise a renchéri sur le sujet des garderies comme étant la base de l’éducation.
« Il faut être capable d’avoir les ressources nécessaires pour qu’à la base, l’enfant reçoive la langue de ses parents pour construire son identité », croit Claire Beaubien.
La Fédération franco-ténoise a aussi émis plusieurs recommandations, notamment à ce que le Conseil du Trésor adopte une politique reconnaissant la responsabilité des institutions fédérales de prendre en compte les besoins des communautés de langues officielles en situation minoritaire au moment de se départir d’édifices publics.