Un pas important a été franchi vers la dévolution alors que les Premières Nations du Sahtu ont décidé de devenir signataire de l’entente de janvier 2011.
Après quelques mois de tergiversations, le peuple du Sahtu a finalement pris une décision importante : la dévolution serait profitable.
Dans un rassemblement pour le moins historique, les Premières Nations du Sahtu sont devenues les premiers Dénés à entériner l’entente de principe en faveur de la dévolution.
Le terme dévolution a été évoqué à plusieurs reprises aux Territoires du Nord-Ouest et vise un transfert de pouvoirs du gouvernement fédéral aux territoires.
Depuis 1967, elle aura touché la gestion du système de santé, l’éducation, les services sociaux, les routes ainsi que plusieurs autres.
Mais le grand combat au territoire est de tenter de devenir administrateur des terrains publics, des ressources naturelles et de l’eau, un pouvoir qui appartient au ministère des Affaires autochtones et du Développement du Nord du Canada.
Et ce combat ne fait pas l’unanimité, puisque pour plusieurs peuples autochtones, il s’agit de leur terre que l’on parle de transférer du fédéral au territorial.
Le premier ministre des Territoires du Nord-Ouest, Bob McLeod, demeure persuadé que la dévolution permettra aux Premières Nations, comme celles du Sahtu, d’agir dans leur intérêt supérieur pour atteindre le plein potentiel des Territoires du Nord-Ouest.
« En travaillant tous ensemble comme gouvernement, nous pouvons bâtir une entente de dévolution qui reflète le mieux le potentiel des Territoires du Nord-Ouest, croit le premier ministre. Nous sommes un territoire qui valorise la contribution de tous nos résidents, qui reconnaît et respecte les traités de droits autochtones et qui s’efforce d’établir un consensus chaque fois que nous le pouvons. C’est pourquoi je suis très heureux de voir le Sahtu Secretariat Incorporated se joindre au gouvernement des Territoires du Nord-Ouest et au Canada à signer l’entente de transferts des pouvoirs concernant la terre et les ressources. »
Conflit intérieur
Ce ne fut pas une décision facile pour les Dénés du Sahtu de se ranger du côté du gouvernement ténois.
À titre d’exemple, depuis longtemps, la région est sollicitée de toutes parts par les compagnies pétrolières, qui espèrent pouvoir mettre la main sur les ressources enfouies.
Si ces compagnies parviennent à s’approprier les droits d’exploitation, les Autochtones craignent de perdre leur terre et de se retrouver une fois de plus négligés dans la répartition des richesses.
Durant son discours, la présidente du Sahtu Secretariat Incorporated, Ethel Blondin-Andrew, avait peine à cacher ses émotions.
« Nous avons surmonté un lot de conflits intérieurs et de remise en question, avoue-t-elle. Comme vous le savez bien si vous êtes dans toute forme de gouvernement, notre plus grand conflit vient de l’intérieur. Et nous avons décidé récemment que nous voulions aller de l’avant et que nous ne pouvions plus attendre nos revendications territoriales comme la division 22.2. Nous devons passer à autre chose et remplacer les divisions. Nous en sommes finalement arrivés à la conclusion que nous devons nous asseoir à la table des consultations, puisque nous n’avons plus d’autres avenues pour négocier. »
Avec cette décision de s’engager de façon non liée avec le gouvernement pour qu’il aille de l’avant avec la dévolution, l’espoir naît que les Nations autochtones puissent elles aussi prendre des décisions dans leur intérêt.
« C’est pour cela que nous sommes ici : pour signer quelque chose pour notre peuple, croit le grand chef Frank Andrew. Nos voulons obtenir quelque chose pour notre peuple parce qu’on parle de gouvernement autonome et nous voulons pouvoir former un gouvernement un jour, et avoir un bâtiment comme l’Assemblée législative, voir les routes pavées. Nous voulons voir ça. Nous sommes fatigués d’être enfermés chez nous. Les gens viennent nous voir en disant : “nous voulons construire des routes, des hôpitaux et des tas de nouvelles choses”, mais nous ne l’obtenons pas. Je veux que notre signature compte pour quelque chose, nous ne voulons pas seulement écrire sur un morceau de papier. Nous voulons continuer de parler, pourvu que nous ayons quelque chose en retour. »
Poursuivre les négociations avec les autres groupes
Le combat du gouvernement ténois est encore loin de tirer à sa fin, même si selon le premier ministre, la signature du Sahtu est un pas majeur en avant.
Les négociations se poursuivent avec les autres groupes autochtones pour tenter de parvenir au même type d’entente qu’avec le Sahtu.
« La semaine suivant les négociations, nous sommes allés à Delinè et nous avons eu une rencontre très productive, estime Bob McLeod. Avec les autres gouvernements autochtones, nous entretenons des discussions avec la Nation tlicho, les Nations du Deh Cho et bientôt avec Fort Simpson et Ke’Cho. Tant que nous continuons de nous parler, je pense qu’il y a de bonnes chances de s’entendre. »
Il est important pour le premier ministre que tous soient informés sur le progrès qui est fait à la table des négociations.
Les négociations reprenaient justement ce jeudi avec les autres peuples des Premières Nations.