Qu’ils soient Dénés, écologistes ou tout simplement intéressés à voir du changement au Canada, toutes les motivations étaient bonnes pour s’arrêter devant l’édifice du gouvernement fédéral à Yellowknife pour manifester contre le projet de loi C-38, le lundi 4 juin 2012.
Le projet de loi budgétaire C-38 proposé par le Parti conservateur du Canada a suscité une importante controverse depuis son dépôt.
Le document de plus de 400 pages vise à modifier une soixantaine de lois, la plupart à caractère environnemental.
Cela comprend notamment une abrogation de la Loi canadienne sur l’évaluation environnementale, en plus de modifier la Loi sur la protection des eaux navigables.
Mais il n’y a pas que l’environnement qui sera touché, puisque ce projet omnibus vise aussi à limiter l’admissibilité à l’assurance-emploi.
Ainsi, le changement dans la législation pourrait empêcher un chômeur de toucher ses prestations s’il refuse de se trouver un emploi.
Conjointement, cela veut dire qu’un chômeur serait dans l’obligation de se trouver un emploi, et ce, même si cet emploi n’est pas dans son domaine de compétences ou encore qu’il se trouve à une heure de route de chez lui.
Récemment, le Parti conservateur a aussi proposé une nouvelle division pour permettre une étude plus approfondie de ces conséquences sur les prestations aux personnes âgées, sur l’environnement et l’immigration.
Les partis d’opposition, dont le chef de l’opposition officielle Thomas Mulcair, se sont levés en bloc pour dénoncer le projet de loi C-38.
« Pour la première fois de notre histoire, on a un premier ministre qui croit être le maître du Parlement et pas son serviteur, s’est indigné le chef du Nouveau Parti démocratique. Ce projet de loi va saccager les lois environnementales au Canada et ajouter deux ans à la vie de travail des Canadiens. »
SilenceOnParle
L’indignation n’a pas tardé à se propager d’Ottawa à travers le pays entier jusqu’à Yellowknife, où une centaine de personnes se sont réunies devant l’édifice gouvernemental fédéral pour manifester contre le projet de loi C-38.
Brandissant des pancartes dénonçant les modifications environnementales et appelant à un Canada plus représentatif, il semblait y avoir beaucoup de raisons de manifester.
Les gens étaient invités à écrire un court message sur une toile concernant la question : « À quoi ressemble ton Canada? »
L’activiste Daniel T’seleie trouve scandaleux que le gouvernement fasse de telles coupes et considère que ces décisions ne devraient pas être prises par des bureaucrates.
« Ils modifieront la Loi sur les pêches, une loi qui est une pièce maîtresse au Canada que nous devons protéger. Ils vont aussi modifier la Loi canadienne sur l’évaluation environnementale. Et tout ça ne sera pas fait démocratiquement. Bouh, honte! Ce type de loi ne devrait pas être révisé par un conseil financier, nous avons besoin de décideurs informés en ce qui a trait aux lois environnementales. Et ces lois devraient être faites pour protéger l’environnement et les gens. On ne devrait pas les changer pour protéger les entreprises qui veulent uniquement faire plus d’argent, sans assumer leurs responsabilités. »
Réchauffement climatique
Courtney Howard, médecin au service des urgences de l’hôpital Stanton, s’en prend quant à elle à la décision du gouvernement fédéral de se retirer du protocole de Kyoto, surtout en raison de fausses promesses.
« Vous pouvez imaginer comment je me suis sentie, debout dans ma cuisine, regardant le Grand lac des Esclaves, alors que le ministre expliquait que nous nous retirons du protocole de Kyoto parce que la température dans l’Arctique a déjà augmenté de deux degrés, que ce protocole n’est pas assez bon et que nous avons besoin d’une meilleure entente, explique la docteure et mère de famille. Pourtant, le nouveau budget fédéral ne comprend même pas le mot climat, excepté lorsqu’il parle de climat d’investissements. »
Le chef de la Nation dénée aux Territoires du Nord-Ouest, Bill Erasmus, a renchéri en rappelant que si la température monte de seulement deux degrés à l’Équateur, cela veut dire qu’elle augmente de dix degrés ici.
« Quelqu’un parlait de l’environnement, disait que la Terre se réchauffe, et c’est vrai, scande Bill Erasmus. On nous dit qu’au centre de la Terre, à l’Équateur, si la température se réchauffe de deux degrés là-bas, cela veut dire qu’elle monte de huit degrés de plus où nous habitons. Nous sommes au sommet du monde, c’est pour cela qu’il fond, pourquoi le nier? Pour de l’argent? »
Les citoyens ténois s’étaient donné rendez-vous à Yellowknife sous l’initiative SilenceOnParle, une cause appuyée par Greenpeace, Équiterre et deux partis de l’opposition, le NPD et le Bloc Québécois.