À quelques semaines de l’approbation du Plan stratégique sur les communications et les services en français par l’Assemblée législative des TNO, la Fédération franco-ténoise se retrouve de nouveau sans directeur général.
Après un peu plus d’un an à la direction de la Fédération franco-ténoise, Claire Beaubien a annoncé à son équipe qu’elle repartait pour le Québec dès la fin du mois de septembre. C’est pour des raisons personnelles qu’elle a remis sa démission à son conseil d’administration. En entrevue, elle assure que son départ n’est motivé par « aucune raison qui touche de près ou de loin la FFT et la communauté franco-ténoise. C’est strictement des raisons personnelles… un emploi que j’ai trouvé près de chez moi, au Québec », a-t-elle affirmé.
Émue, elle dit quitter à regret. « Je me suis choisie, j’ai décidé de faire le point et cela m’a amené à décider qu’il valait mieux pour moi de quitter. J’ai encore beaucoup d’énergie, mais je pense que je veux la canaliser ailleurs », de dire Mme Beaubien, qui a mentionné le mal du pays après avoir découvert dans le Grand Nord canadien, la réalité de la francophonie hors Québec. En reprenant les termes de la vision que s’est donnée la communauté dans son plan de développement global, « dynamique et prospère », pour qualifier la francophonie ténoise, Claire Beaubien s’étonne qu’il faille sortir du Québec pour se rendre compte que dans le reste de la francophonie canadienne, il faut se battre pour avoir un service en français. « Si mon passage aux Territoires a été de m’outiller pour mieux sensibiliser les gens que je vais rencontrer dans le futur, ce sera une réussite pour moi », envisage Claire Beaubien.
Une équipe qui sait où aller
Au sein des employés de la FFT, l’effet de surprise a vite fait place au sentiment de déjà vu, alors que depuis les deux dernières années, ce sont trois directeurs qui se sont succédé à la tête des opérations de l’organisme porte-parole de la francophonie ténoise. En mars 2010, Léo-Paul Provencher quitte les Territoires après sept années à la barre de la FFT. En février 2011, Francis Lemieux plie bagages vers le Québec pour des raisons de santé et laisse à la FFT le soin de lui trouver un remplaçant. Durant le processus de sélection menant à l’embauche de Claire Beaubien en août 2011, c’est Léo-Paul Provencher qui revient pourvoir le poste par intérim.
Selon la directrice en partance, son équipe est soudée et solide. « Je pense qu’après avoir traversé l’année que nous avons passée, ce n’est certainement pas mon départ qui va les jeter à terre. L’équipe a toutes les ressources nécessaires pour continuer à aller de l’avant », ajoute-t-elle.
Une pensée reprise par le responsable du programme Franco50, Vincent Méreau, qui assure que se retrouver sans directeur n’est pas un problème quant à la gestion des projets gérés par cet organisme francophone. « On est autonome », rassure-t-il. Étienne Croteau, coordonnateur de Jeunesse TNO au sein de la FFT, exprime lui aussi un réel sentiment d’autonomie même si le futur l’inquiète un peu. « J’espère que l’on va garder la même vague. Je veux que ça continue dans la même veine alors qu’on a mis de l’avant une belle transparence et l’éclosion d’une francophonie qui ne se résume pas au syndrome du vase clos », dit-il, alors qu’il atteste que l’équipe avait trouvé leur façon de communiquer. « On a bien compris où on s’en va, Claire nous a donné le cap; et pour le bateau, eh bien il est dans le vent! », image M. Croteau, cet employé entré en fonction à l’automne 2011.
Jean de Dieu Tuyishime est en poste depuis 2004 au sein du Réseau santé TNO en français à la FFT. Tel le sage de la Maison bleue qui abrite la FFT, il explique que c’est toujours comme ça après une longue période avec un directeur général : « C’est difficile de s’ajuster avec un nouveau DG » alors qu’il compare la situation territoriale avec son réseau francophone au niveau national. Il pousse sa réflexion sur la stabilité des organisations communautaires pris dans le cercle vicieux, dit-il, où les bons éléments sont aspirés par de meilleures offres, ce qui démontre une instabilité au niveau communautaire inspirant moins de financement pour renforcer cette communauté.
Quant à lui, Vincent Méreau insiste sur le fait que sans direction, il n’y a pas de figure de représentation de la fédération auprès des gouvernements. Il voudrait que la prochaine personne en poste ait encore le sens de l’éthique. « C’est ce que veut la communauté, la FFT en a besoin. C’est le conseil d’administration qui a le devoir de trouver un directeur avec un sens de l’éthique », commente-t-il en espérant que la mise en candidature du poste soit immédiate.
Continuité et stabilité
L’attente ne sera pas bien longue alors que déjà, le président de la Fédération franco-ténoise, Richard Létourneau, a affirmé que l’annonce du prochain directeur se ferait dans les prochains jours. « On s’est mis rapidement au travail et Claire nous a soutenus là-dedans », avance le président, spécifiant qu’ils sont très près d’une entente pour la succession au poste de directeur. Ne pouvant pas donner plus de détails, Richard Létourneau indique simplement que le CA à choisi la « continuité et la stabilité » pour une candidature qui ne sera vraisemblablement pas un intérim mais bien une entente en « bonne et due forme ».
Selon lui, le futur directeur sera en mesure de prendre en main les prochains défis qui attendent la FFT, avec entre autres la mise en place du Plan stratégique sur les communications et les services en français qui devrait être entériné par le gouvernement ténois dès la session parlementaire d’octobre 2012. « Dès [que cette personne] sera entrée en poste, elle sera en mesure de respecter ses obligations autant sur le plan des droits linguistiques que sur le plan de la gestion financière. »
Avant de tourner la page et d’accueillir un autre directeur, le président de la FFT a tenu à souligner le travail de la seule directrice générale que l’organisme ait connue. « Elle a fait un excellent travail pour la Fédération, sa gestion financière a été absolument impeccable et elle nous a vraiment beaucoup aidés au cours de la dernière année », dit-il précisant qu’il était attristé par la démission de Mme Beaubien.