C’est un peu bizarre de lire les comptes-rendus de Statistique Canada surtout pour les statistiques qui concernent le Nord. Les statistiques décrivant le profil ethnographique des résidents du Nord sont même un brin cocasses.
Première constatation, la population autochtone est majoritaire aux TNO, représentant 52 % de la population totale. En 2006, ce chiffre était de 50,2 %. C’est donc dire qu’il y a une certaine hausse de la proportion autochtone dans le Nord. Ce qui est encore plus encourageant pour la population d’origine autochtone, c’est que leur haut taux de natalité fait en sorte que la proportion ne cessera de grimper au fil des ans. Le seul événement qui peut changer cette tendance, ce serait une arrivée massive de travailleurs étrangers en cas de grands projets de développement économique. Comme la population totale est très petite (40 800), même une mine embauchant 500 personnes peut avoir un impact non négligeable.
La deuxième constatation concerne l’origine des résidents du Nord. On peut dans un premier temps penser qu’il y a moins d’immigrants aux TNO (7,1 %) que dans l’ensemble du Canada (20,6 %), mais ce serait faux. Pour la population originaire du Nord, la très grande majorité des résidents d’origine autochtone ainsi qu’une portion des résidents d’autres origines, il y a une bonne proportion de la population qui est née à l’extérieur des TNO, soit au Canada ou ailleurs.
Pour les natifs du Nord, faire face à quelqu’un provenant d’Asie, d’Europe ou d’Afrique ressemble beaucoup à faire face à quelqu’un originaire de l’Est du pays; sauf quand il est question de hockey (mais ça, c’est une autre histoire).
Pour eux, les immigrants ne se distinguent pas par la couleur de leur peau mais bien par les valeurs qu’ils trimballent dans leurs bagages. Il peut y avoir des valeurs similaires avec un francophone québécois d’origine algonquine, mais pas avec le résident d’une banlieue sise près d’une grande métropole. Il y a probablement plus de valeurs partagées avec un pauvre pêcheur vietnamien qu’avec un riche exploitant de ressources de Calgary.
Les études de Statistique Canada ne reflètent malheureusement pas toutes ces nuances de la société ténoise, où la notion d’immigrant englobe aussi les personnes provenant d’ailleurs au Canada. Mais elles aident certainement à envisager avec optimisme la prise en main politique du Nord par les résidents qui y ont leurs racines, peu importe leurs origines ethniques.