le Mercredi 9 juillet 2025
le Jeudi 26 septembre 2013 16:58 Éditorial

Éditorial Et vogue le navire

Éditorial Et vogue le navire
00:00 00:00

Au début du mois de septembre, un navire commercial danois a entamé la traversée du passage du Nord-Ouest avec un chargement de charbon. Avec le réchauffement planétaire, le passage du Nord-Ouest devient donc une option intéressante pour les transporteurs maritimes de l’hémisphère nord, qui n’ont ainsi pas à redescendre vers Panama.
On a entendu parler de deux épisodes dangereux de navires de croisière au Nunavut au cours des 20 dernières années, mais voilà que des navires étrangers vont commencer à emprunter ce passage.
Il faut mentionner un fait très important en ce qui a trait au passage du Nord-Ouest. Il s’agit d’un trajet plus court entre le Pacifique Nord et l’Atlantique Nord, mais il s’agit aussi d’un chemin très hasardeux, notamment en raison de l’omniprésence d’énormes blocs de glace flottants. De plus, les eaux du passage du Nord-Ouest sont à peine répertoriées et cartographiées, de nombreux écueils sont connus seulement par la population locale, quand il y en a.
Les services canadiens de secours et de sauvetage se trouvent dans les régions du Sud, là où se trouve le trafic maritime le plus intense. Dans bien des cas, il faudrait près d’une journée pour commencer une opération de sauvetage, alors que les premières heures sont souvent les plus névralgiques.
Outre la vie des équipages, le Canada n’est pas du tout prêt à faire face à un désastre écologique comme le déversement du diésel alimentant ces navires.
Il faut aussi mentionner que cela pose aussi toute la question de la sécurité transfrontalière, puisque le Canada déclare qu’il s’agit d’eaux internes, mais que d’autres pays insistent pour dire qu’il s’agit d’un océan et que ce sont de facto des eaux internationales. La question n’est toujours pas résolue.
On parle maintenant de renforcer les ports des petites collectivités sises en bordure du passage du Nord-Ouest et d’y établir des bases d’opération munies des équipements adéquats. On parle aussi de fournir un service de brise-glace et de pilotage pour assurer la sécurité des navires.
Ce qui est choquant dans tout ça, c’est que cela va coûter très cher, probablement des milliards plutôt que des millions de dollars. Non seulement cela va ajouter à notre fardeau fiscal, mais à moins que l’on facture le gros prix pour les services de pilotage et de brise-glace, il n’y aura aucune retombée économique pour le pays.
Mais a-t-on vraiment le choix? En tant que pays civilisé, peut-on négliger d’avoir l’infrastructure nécessaire pour venir en aide à des équipages entiers en cas de naufrage? De laisser les produits polluants de ces navires se répandre dans ce fragile environnement? Non! Sortez donc votre portefeuille.