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le Jeudi 10 avril 2014 18:20 | mis à jour le 20 mars 2025 10:39 Économie

Économie sociale Par et pour la communauté

Économie sociale Par et pour la communauté
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Le développement de l’économie sociale consoliderait les assises des Franco-Ténois
 

Selon un rapport publié début avril par le Conseil de développement économique des Territoires du Nord-Ouest (CDÉTNO), la mise en place d’entreprises d’économie sociale pourrait contribuer à faire des TNO un endroit plus attrayant pour les francophones et faire en sorte qu’ils y demeurent plus longtemps.
Une entreprise d’économie sociale est définie comme étant un organisme dont le but est de servir ses membres ou la communauté plutôt qu’uniquement engendrer le profit. La participation citoyenne, le caractère démocratique, y sont inhérents. On les retrouve généralement dans le domaine de la santé, des arts, du logement, de l’alimentation, etc.
Écrit par l’agente de développement économique du CDÉTNO, Marie-Ève Duperré, le rapport s’intitule Pertinence de l’économie sociale aux Territoires du Nord-Ouest : pistes de réflexion. Le CDÉTNO est membre du Réseau de développement économique et d’employabilité (RDÉE), un organisme voué à la prospérité économique des ftrancophones et Acadiens à travers le Canada. « Or, observe Marie-Ève Duperré, au RDÉE on est de plus en plus conscients que l’économie sociale peut jouer un rôle d’émancipation. Les chercheurs universitaires ont fait beaucoup de recherche sur l’économie sociale, en Ontario particulièrement, où elle a aidé les Franco-Ontariens, qui étaient marginalisés économiquement, à créer leurs propres services, à prendre leur place dans la province. »

Aux TNO
Peu de chercheurs, selon Marie-Ève, se sont intéressés à l’économie sociale aux Territoires du Nord-Ouest. Mais selon des chiffres de la Social Economy Research Network of Northern Canada datant de 2006, on retrouvait à l’époque aux TNO 446 organisations d’e´conomie sociale. « Bien que ce chiffre semble e´leve´, écrit Marie-Ève Duperré, les auteurs soulignent qu’il est bien en dec¸à de la re´alité : plusieurs petites organisations travaillent de fac¸on plus ou moins formelle — surtout dans les communaute´s e´loigne´es — et une partie de l’e´conomie solidaire est tre`s difficile a` mesurer parce que re´pertorie´e nulle part. » À elles seules, aux TNO et au Nunavut, les coopératives emploieraient 800 personnes. Comme exemples d’entreprises territoriales d’économie sociale, Marie-Ève Duperré cite le Marché fermier et Glassworks, une coopérative.
Mais ce dynamisme reste encore à déployer dans la communauté franco-ténoise. « Ça nous permettrait de mettre sur pied des services que nous n’avons pas présentement, de dire l’agente de développement économique du CDÉTNO. Ça pourrait être un théâtre, une coopérative de logements, ou encore une librairie. Des communautés franco-ontariennes ont mis sur pied des librairies. Elles ne font pas de profits faramineux, mais tout de même suffisamment pour pouvoir survivre, et ça permet aux gens de lire en français, aux enfants d’avoir du matériel pédagogique. À Goose Bay, des citoyens se sont unis pour mettre sur pied un gymnase coopératif. Les communautés mènent alors des projets que n’offrent ni l’État ni le privé et deviennent plus vivantes et en santé parce qu’elles ont des institutions répondant à leurs besoins. Ça rend la communauté plus intéressante à habiter. » Et selon Marie-Ève Duperré, les entreprises d’économie sociale peuvent sans aucun doute contribuer à la rétention sociale d’un lieu en le rendant plus confortable et en y offrant un éventail plus complet de services.

Mise en œuvre
L’e´conomie sociale des TNO est fragilise´e, écrit Marie-Ève Duperré dans son rapport, par le fait que les entreprises des autres secteurs de l’e´conomie offrent des salaires tre`s e´leve´s et que le taux de cho^mage est tre`s bas : il est difficile pour les organisations sans but lucratif ou pour les petites entreprises sociales de retenir du personnel compe´tent a` long terme. Mais les avantages sont indéniables. « Ça développe un important sentiment d’appartenance, qui est souvent une des raisons principales qui font que les gens, jeunes et vieux, de´cident de rester dans une re´gion donne´e. »
La maîtrise de Marie-Ève Duperré à l’Université du Québec en Outaouais portait sur l’économie sociale au Chili. Marie-Ève Duperré a ensuite travaillé à l’Agence canadienne de développement international. Son étude a été diffusée dans le réseau du CDÉTNO, qui devrait explorer dans les mois qui suivent le potentiel de la dizaine de pistes qu’elle suggère. On parle ici du soutien de projets d’e´conomie sociale e´mergents, de l’organisation de séminaires, d’une politique d’achats favorisant l’acquisition de biens et de services à des entreprises d’e´conomie sociale, de la création de liens plus e´troits avec les re´seaux d’e´conomie sociale francophones canadiens, etc.