82 % des femmes disparues ou assassinées aux TNO seraient autochtones
Le rapport du rapporteur spécial de l’Organisation des Nations-Unies James Anaya sur la situation des peuples autochtones au Canada a été rendu public la semaine dernière. Malgré certaines avancées, James Anaya constate que le Canada est en crise perpétuelle lorsqu’il s’agit du droit des Autochtones et y va de 16 recommandations. Le Canada, dit-il, doit agir de manière urgente pour régler le problème de logement dans les communautés autochtones, particulièrement dans celles du Nord. Il affirme également que les projets d’exploitation des ressources doivent respecter les traités et ne pas causer préjudice aux revendications territoriales. Les gouvernements devraient s’efforcer de maximiser le contrôle des peuples autochtones sur les opérations d’extraction dans leurs territoires et sur les bénéfices qui en découlent. Le ministre fédéral des Affaires autochtones, Bernard Valcourt, a reconnu qu’il y avait encore du travail à faire, tout en faisant valoir des mesures prises par le gouvernement fédéral pour donner le même accès aux Autochtones qu’aux non Autochtones à des logements sûrs, à l’éducation et aux droits matrimoniaux.
Les femmes autochtones
James Anaya exhorte le gouvernement Harper à mener une enquête sur les quelque 1200 cas de femmes et de filles autochtones assassinées ou portées disparues depuis 30 ans. Cette demande a été bien accueillie par la Native Women’ s Association of the NWT. « Nous sommes très contentes de ce rapport a déclaré la directrice générale par intérim de l’organisme, Jennifer Hunt-Poitras. Il y a maintenant une reconnaissance internationale du problème. Le gouvernement dit que le sujet ne vaut pas une enquête d’envergure nationale, mais si la population se rend compte du problème, elle poussera peut-être le gouvernement à agir. »
Pour sa thèse de doctorat à l’Université d’Ottawa, Maryanne Pearce a fait de la recherche sur le sujet. Selon sa base de données, rapporte Jennifer Hunt-Poitras, 3329 femmes seraient disparues ou auraient été assassinées au Canada depuis 1950, mais surtout entre 1990 et 2013. Or, 26 % de ces femmes (871) seraient des autochtones, alors qu’elles ne représentent que 2 % de la population canadienne. Aux Territoires du Nord-Ouest, où les autochtones constituent environ 52 % de la population, 82 % des 17 femmes disparues sont des autochtones. 13 de ces femmes ont été assassinées, les autres sont disparues. L’Association des Femmes autochtones du Canada et son antenne territoriale considèrent que le gouvernement fédéral et la GRC n’accordent pas à la question l’importance qu’elle justifie. Un rapport de Human Right Watch de 2013 sur la GRC dans le Nord de la Colombie-Britannique a statué que la GRC n’y protégeait pas les femmes autochtones et même, dans certains cas, en abusait. « Il y a une perception que les femmes autochtones disparues ou assassinées sont liées à la prostitution, souligne Jennifer Hunt-Poitras. Cette croyance n’est pas supportée par les recherches, mais elle contribue peut-être au manque d’implication du gouvernement et de la police dans le dossier. L’indifférence des institutions est peut-être encore plus dévastatrice pour les familles que la perte d’une soeur ou d’une mère. Elles vivent avec le sentiment que personne ne se préoccupe d’elles. »
Pour Jennifer Hunt-Poitras, une enquête nationale devrait déterminer pourquoi les femmes autochtones sont si vulnérables et surreprésentées, investiguer sur l’identité des prédateurs. « Mais le but, dit-elle, ce n’est pas l’enquête, c’est de régler le problème, et que ces femmes ne soient pas oubliées. Tous les Canadiens devraient se sentir concernés. »