Une installation modulaire pour rappeler la tragédie des femmes autochtones
C’est à la fois magnifique et tragique, c’est l’installation Walking with our Sisters, présentée au Centre du patrimoine septentrional Prince-de-Galles jusqu’au 24 janvier. Une exposition à ne pas manquer.
L’installation itinérante a pour but d’attirer l’attention sur le sort des femmes autochtones disparues ou assassinées depuis 30 ans. « Les œuvres ont été créées par des membres des familles, des amis, ou simplement des personnes qui se sentent concernées par ce drame, explique la conseillère aînée Fibbie Tatti. Elles mettent leur cœur là-dedans, leurs espoirs et leurs rêves. Elles veulent attirer l’attention sur cette tragédie. Ça leur apporte un peu de guérison de faire ça, même si on ne guérit jamais. »
Le concept, en gros c’est un cortège non rectiligne formé de 1808 paires de dessus mocassins décorées avec des perles et principalement posées sur le sol. Une invitation, donc, à se rappeler ces chemins interrompus ou, qui sait, à chercher les traces de ces femmes. Trois autres espaces se greffent à l’installation, dont un créé par les hommes et un autre représentant le Nord.
Si l’idée même des mocassins suggère l’artisanat et la simplicité, l’installation, qui varie au fil de ses lieux d’accueil, est néanmoins passablement codifiée dans l’organisation spatiale, parfois dans le symbolisme. Ainsi, dans l’espace consacré au Nord et créé par ses habitants, les plumes d’aigles, selon qu’elles pointent le sol ou le ciel, indiquent les femmes autochtones mortes ou disparues.
Les 1808 paires de dessus de mocassins sont extrêmement variées dans la facture. Les motifs floraux abondent, tout comme les animaux totémiques. On y trouve parfois des portraits et des références écrites aux femmes, aux filles qui ont été happées par l’ombre, arrachées au quotidien, à leur famille.
Il y là de véritables bijoux, dont la lumière tempère quelque peu la noirceur de l’inspiration.
Walking with our Sisters continuera sa tournée à Whitehorse puis fera le tour du pays jusqu’en 2019.