Une enquête citée en exemple dans le monde
L’ex-juge Thomas Berger a été accueilli en héros et en ami le 3 mars au musée Prince-de-Galles, à l’occasion du 40e anniversaire de la commission d’enquête sur le pipeline de la vallée du Mackenzie.
«C’est un ami de beaucoup ici et un ennemi de quelques-uns a dit Ed Sangris, chef des Yellowknives Dénés de Dettah, en présentant M. Berger. Sans lui, nous ne serions pas ici.» Nombreuses étaient les personnes à vouloir serrer la main à M. Berger, à se faire photographier avec lui. La directrice de Prince-de-Galles Barb Cameron a dit n’avoir jamais vu la salle aussi pleine.
Si la salle, il faut bien l’avouer, était conquise d’avance, Thomas Berger, à 82 ans, s’est malgré tout révélé un orateur hors pair, sachant associer anecdotes cocasses et contexte sociohistorique.
Plus d’une centaine d’experts ont participé à analyser tous les angles du projet a-t-il rappelé, jusqu’à un expert en esthétique. Selon son témoignage, le pipeline aurait amélioré le panorama pour les gens voyant en avion.
Trudeau
En 1974, Ottawa avait nommé le juge Berger à la tête d’une commission d’enquête sur les impacts de l’érection d’un pipeline dans la vallée du Mackenzie. Plutôt que mener ses travaux à partir d’Ottawa, Thomas Berger avait innové en passant du temps dans 45 communautés entre 1975 et 1977 et en y consultant les populations. Après les avoir écoutés, ainsi que des centaines d’experts, Thomas Berger avait conclu que le pipeline ne devait pas être installé avant que ne soient réglées toutes les revendications territoriales.
« J’avais rencontré Pierre Elliot Trudeau après ma tournée, rappelle, Thomas Berger, et je lui avais raconté mes voyages en canot et toute l’aventure. Il m’avait dit : tu as un bon travail! Et je lui avais répondu : “le meilleur travail au Canada!” M. Berger avait ensuite suggéré à M. Trudeau qu’i aille prendre sa décision sur la Côte Arctique du Yukon le 1er juin, là où la harde de caribous de la Porcupine va mettre bas. »
Plus tard en lisant le journal, M. Berger avait appris que le premier ministre avait suivi ses conseils en allant camper avec ses 3 fils au Yukon, et qu’il avait décidé de suivre ses recommandations.
« J’ai essayé d’écrire, de dire M. Berger, un rapport qui soit accessible et non dans un jargon technique, ce qui est plus dur à faire. » Le rapport Northern Frontiers, Northern Homeland a été un temps dans une liste de best-sellers affirme Thomas Berger. « Ça a été un des livres les plus vendus par le gouvernement, a-t-il ajouté, ce qui a bien fait rire la salle. » Il a raconté que des années plus tard en Inde, alors qu’il travaillait en Inde, on lui a présenté des exemplaires du rapport.
L’exposition Tonnerre de voix se poursuit à Prince-de-Galles jusqu’au 30 avril.