La communauté de Déline, sur les rives du Grand lac de l’Ours, célébrait le 16 mars son autonomie gouvernementale fraîchement ratifiée par l’Assemblée législative des TNO.
Si le support des Conservateurs est acquis, aucune date n’est encore prévue pour l’introduction d’un projet de loi fédéral. D’autre part, ce n’est qu’au fil des ans que la communauté acquerra ses pleins pouvoirs.
Pour son premier quinquennat, le futur gouvernement autonome de Déline disposera d’un budget annuel de 7,5 millions de dollars afin d’assumer ses champs de compétences : la Justice, l’Éducation, la Culture, la Santé et l’administration des Terres.
La Société foncière de Déline et la Charte communautaire seront dissoutes au bénéfice d’un gouvernement comprenant divers conseils, notamment de justice, des aînés et des bénéficiaires.
À quel moment ce gouvernement sera-t-il en place? Trois jours de fête sont déjà prévus à Déline en juillet, mais le secrétaire parlementaire du ministre des Affaires autochtones et Développement du Nord canadien, Mark Strahl, ne fait aucune promesse quant à l’agenda parlementaire.
«Nous n’avons pas encore le projet de loi, dit-il. Nous avons besoin de prendre cette entente et de la préparer d’une manière adaptée à la Chambre [des Communes]. Nous avons jusqu’à la fin de juin, sinon ça sera à l’automne.»
L’actuel chef de la Première Nation de Déline, Leonard Kenny, envisage le 1er avril 2016 comme jour 1 de l’autonomie gouvernementale. Avant cette date, dit-il, il faudra élire un chef et de huit à dix conseillers. Se représentera-t-il lui-même?
«C’est un système démocratique, répond M. Kenny. Si les gens sentent que j’ai fait un bon travail, ils me demanderont de me présenter.»
Une prise en main progressive
Selon l’analyse de Leonard Kenny, l’autonomie complète de Déline nécessitera un bon lot de patience et d’énergie.
« Nous allons prendre ce que nous sommes capables de gérer maintenant, comme l’adoption, les petites choses, dit-il. De gros dossiers comme le logement, l’école et la justice resteront pour un temps dans les mains des gouvernements territorial et fédéral.»
Le Chef avance qu’il faudra attendre jusqu’à 10 ou 15 ans avant que Déline ne gère l’ensemble des dossiers qui lui sont dévolus.
Les priorités sont, pour M. Kenny, d’établir des règlements et des politiques; de mettre en place le nouveau gouvernement. Pour ce dernier, il souhaite le retour des gens éduqués qui sont partis travailler à Yellowknife ou à Norman Wells.
Multiplication des gouvernements autonomes
Le Premier ministre des Territoires du Nord-Ouest, Bob McLeod, faisait partie des nombreux dignitaires réunis à Déline le 16 mars. Il a indiqué que d’autres négociations d’autonomie gouvernementale de communautés étaient en cours dans le Sahtu. Des processus de négociations sont en cours pour, d’une part, Tulita et Norman Wells et, d’autre part, Fort Good Hope et Colville Lake.
«Je pense que les Métis des TNO ont indiqué qu’ils s’en allaient vers un gouvernement autonome de communauté, a ajouté M. McLeod, mais ça peut changer. Le Dehcho et Akaitcho ne font pas de progrès dans leurs revendications territoriales. Leurs communautés pourraient décider de faire leur chemin [par elles-mêmes]. On a vu ça avec Acho Dene Koe [Fort Liard] et la Première Nation de Kátl’odeeche [la Réserve de Hay River].»
Le Chef négociateur de Déline, Danny Gaudet, a affirmé qu’avec l’éventuelle autonomie d’autres communautés du Sahtu, le Secrétariat du Sahtu ne serait pas aboli, mais jouerait plutôt un rôle fédérateur.
Mark Strahl assure que son gouvernement est prêt à gérer un éventuel effet boule de neige créé par Déline.
«Déline est un genre de leader, assure-t-il. Les autres communautés verront que ça fonctionne et voudront faire la même chose. Si elles viennent à la table de négociations, nous sommes ouverts à négocier avec elles.»
Les célébrations du 16 mars réunissaient un nombre impressionnant de dignitaires et de négociateurs du Sathu, et des gouvernements territorial et fédéral.
Il aura fallu 19 ans de négociations avant d’en arriver à cette entente.