En septembre prochain, il y aura huit ans que Richard LeBreton sera à Yellowknife. Il savoure la qualité de vie de la capitale, la proximité de la nature, mais c’est le grand talent de ses artistes qui l’a véritablement conquis. Avec cet Acadien d’origine, L’Aquilon initie une série de portraits de Franco-Ténois.
L’ingénieur Richard LeBreton est natif de Petit-Rocher dans le Nord-Est du Nouveau-Brunswick, une région rurale et francophone, mais parsemée de villes anglophones. Richard se souvient que dans sa jeunesse, les francophones étaient plus pauvres que les anglophones, et que son père se fâchait parce qu’il était très dur de se faire servir en français dans les commerces. Mais lui a toujours eu des amis dans les deux communautés.
Géographiquement près du Québec, il s’est beaucoup intéressé à sa culture. «Nous écoutions Charlebois, Octobre et Beau Dommage, illustre-t-il, et on a développé les mêmes créneaux en parallèle avec Daniel Lacroix, 1755, etc.»
Polyvalence
En 1995, Richard quitte le Nouveau-Brunswick, où les perspectives d’avenir sont réduites. Il multiplie les expériences, enseigne, travaille dans l’hôtellerie. À l’âge de 32 ans, il commence à Chicoutimi un baccalauréat en ingénierie qu’il terminera à l’école Polytechnique de Montréal. Puis, c’est le saut aux Territoires du Nord-Ouest, à la mine Diavik, où les conditions de travail et le salaire sont alléchants. « Je me suis dit je vais faire deux ou trois ans, puis on verra, se rappelle Richard LeBreton.»
Au départ, ce qu’il goûte à Yellowknife, c’est l’absence de pollution et de bouchons de circulation, la possibilité de tout faire à pied, le ski, le kayak, la randonnée. Puis, il se fait des contacts, des amis.
Déteste-il quelque chose de Yellowknife? Pas vraiment. «Le défaut ici, constate-t-il, c’est le service à la clientèle. Il y a un laisser-aller dont je ne reviens pas. Les commerçants s’en foutent, nous sommes des clients captifs.»
Autrement, il cite l’isolement géographique, qu’il compense avec de petits voyages dans le Sud.
Une communauté culturelle étonnante
La plus grande révélation de Richard LeBreton, à Yellowknife, a été sa communauté culturelle, avec notamment Borderless Art Movement et Classics on stage Yellowknife (COSY), dont il fait aujourd’hui partie. L’ingénieur est pianiste classique de formation, ses quatre frères et soeurs jouent également du piano.
« J’avais des préjugés, dit-il, l’art c’est très important pour moi et j’ai travaillé très fort pour acquérir de la culture. J’ai des standards élevés et j’arrivais de Montréal où il y avait de la culture de haut niveau. »
Par le biais d’un collègue de Diavik, il a été introduit à un concert maison où se produisait la pianiste Amy Hendricks et la violoniste Barbara Fortin-Clinton. «Elles étaient formidables, s’enthousiasme Richard LeBreton, j’ai enfin allumé sur le haut niveau de culture et de présentation des artistes d’ici, comme Jennifer Walden. Ce concert a été un moment charnière dans mon passage à Yellowknife. Aujourd’hui, je travaille avec des gens dont je partage la vision, c’est extra.»
Parallèlement, Richard joue de la musique d’ambiance, au restaurant Diamante’s, deux fins de semaine par mois. Le monsieur est un fana de musique; il en joue et en écrit, se tient au courant des nouveautés, des relations qu’elle entretient avec la société et les autres formes d’art.
Aujourd’hui, à Yellowknife, Richard possède un condo et un piano. Des racines…? «Je suis bien ici, mais on ne sait jamais, répond-t-il.»