Cette semaine, je profite de cette tribune pour traiter de la question d’anonymat des sources. Vous en avez probablement déjà fait l’expérience, surtout dans des dossiers très controversés, alors que les médias font parfois référence à une source qui désire conserver l’anonymat.
La question est épineuse. Il n’y a rien de noir ou blanc et plusieurs zones grises dans la notion de sources anonymes. « L’utilisation de sources anonymes doit être justifiée et demeurer exceptionnelle. » 1
Une chose demeure certaine : une source anonyme doit toujours être connue du journaliste avant qu’il puisse l’utiliser. La raison est simple. En effet, le journaliste est celui qui a l’obligation de déterminer la crédibilité de la source. Par exemple, une lettre anonyme ne peut constituer une source, si ce n’est de nous mettre la puce à l’oreille.
Crédibilité ne veut pas dire neutralité.
On n’exige pas que la source soit neutre. En effet, il peut s’agir d’un employé qui a été congédié, ce qui remet en doute sa neutralité. Par contre, l’information fournie peut se révéler être très crédible si cette personne œuvrait au sein d’un organisme ou d’un ministère et était au courant d’information interne. Son information peut-être jugée crédible même si un doute persiste sur la neutralité de la source.
Sur le plan de la neutralité, le journaliste a donc la responsabilité de se montrer prudent quant aux tentatives de manipulations de l’information.
Il y a des façons de contourner ce problème de neutralité. Notamment, le journaliste doit effectuer un travail de recherche pour faire valider une information par d’autres sources. Parfois, ces autres sources permettent même d’éviter d’avoir recours aux propos de la source qui désire demeurer anonyme.
Un autre facteur à tenir compte réside dans les raisons poussant une personne à demander l’anonymat. Cette personne doit expliquer le fondement de ses craintes. Par exemple, une source anonyme peut être un fonctionnaire qui détient des informations dommageables pour le gouvernement en place ou d’autres fonctionnaires haut placés. Les craintes de congédiements ou de représailles sont très réelles dans ce contexte et justifient le désir de conserver l’anonymat.
Parfois, les révélations de cette source peuvent aussi ouvrir le journaliste à des représailles. Conséquemment, chaque demande d’anonymat doit être traitée avec prudence.