Officiellement en circulation depuis le 17 juillet au Canada, le phénomène Pokémon est de retour. Développé par la société Niantic, le jeu frappe très fort cette fois, avec une version hyper interactive qui mélange savamment réalité et virtualité. Les Pokémons sont partout entrainant leurs adeptes dans une réalité augmentée.
Un phénomène inévitable
Vous voyez sûrement, depuis plus d’une semaine maintenant, des gens de tout âge marchant droit devant eux, mais avec le buste en constante rotation périphérique, les yeux rivés sur leur téléphone. Ce ne sont pas des robots mal programmés, seulement des humains joueurs et un peu déboussolés. Une application ou un jeu vidéo à cheval entre pixels et réalité, ce n’est pas nouveau, mais aucune n’avait pu immerger autant les joueurs dans leur propre environnement. Pokémon Go est une « app » qui pousse les jeunes à sortir de chez eux et à naviguer vers la découverte de merveilles qu’ils n’attendaient pas.
Une aventure non dénuée de dangers.
Wilson Elliott, 16 ans, a raconté qu’avec l’application, il a « l’opportunité de jouer dehors et de voir les Pokémons partout […] c’est le fun d’aller trouver des attractions qu’on ne connait pas dans la vraie vie. Il y a beaucoup d’art vers la vieille ville, des artistes d’ici, des murales et d’autres choses comme ça. »
« Attrapez-les tous! »
Près de trois heures par jour, Wilson arpente les rues de Yellowknife, seul ou avec des copains, pour agrandir la garnison de sa « Pokéball », déjà pourvue d’une centaine de « Pokémons ». Ils peuvent ensuite se les échanger ou les faire combattre pour assurer leur progression dans le jeu. Nolan, son petit frère de 13 ans, ne sort pas autant et il en a récolté qu’une trentaine.
Grâce à l’ingénieux système de monnaie alternative, l’application lui offre tout de même la possibilité d’évoluer [plus vite] dans le jeu sans se déplacer, moyennant quelques vrais dollars.
« Ça t’avance vraiment vite [de dépenser de l’argent]. Mais je n’ai pas besoin de le dépenser […] je ne vais jamais finir le jeu, raconte Nolan. Il y a beaucoup trop de choses à faire si on veut avoir tous les Pokémons. Capturer les gyms aussi [ndr : centre d’entrainement pour Pokémon] est difficile quand tu n’es pas assez haut dans le jeu. »
Alors pour les jeunes, c’est vraiment devenu une réalité : « Attrapez-les tous. » Wilson le confirme. Le phénomène, bien réel, touche aussi les parents qui voient leurs enfants disparaitre pendant des heures, parfois sans savoir où ils sont. Si messieurs les papas ont tendance à se laisser prendre au jeu « pour le fun », l’un d’eux confie que c’est plutôt une activité aléatoire. Mesdames les mamans en profitent pour se détendre et rire de la situation, elles se rattrapent avec une application nommée Chardonnay Go. Vous l’aurez deviné, il ne s’agit pas de créatures mystiques, mais bien de jus de cépage fermenté. Les jeunes ne sont pas les seuls à prendre part à la chasse aux Pokémons.
Nul besoin d’avoir des enfants pour jouer. Seuls ou en couple, les adultes s’y donnent aussi à cœur joie, au moins pour satisfaire une curiosité passagère. C’est le cas, par exemple, de Brooke, 25 ans, et de Rowan, 35 ans, qui circulent en voiture à la recherche d’un Pikachu, d’un Salamèche ou encore d’un Bulbizzard.
Attention danger
C’est là où résident les plus fortes craintes du côté de la Gendarmerie royale du Canada. Si la paire se répartit bien les rôles, à savoir le chauffeur et le chasseur, de nombreux incidents survenus un peu partout dans le monde rappellent qu’il faut rester vigilant et que jouer à Pokémon Go peut s’avérer dangereux.
Hugo Lévêque, agent au détachement de la ville de Yellowknife, s’est exprimé sur les ondes de Radio Taïga pour rappeler les différents risques, inhérents à la pratique de ce jeu très populaire qui envahit la voie publique.
S’il n’y avait, au 22 juillet, aucun incident à déclarer à Yellowknife en lien avec le jeu, « on a vu des cas au pays où des personnes s’arrêtaient en plein trafic pour attraper un de ces pokémons ». S’ajoute à cela les enfants qui traversent les rues sans regarder, les étourdis qui s’égarent sur des propriétés privées ou d’autres encore qui traversent la frontière américaine incognito (ou presque).
Les employés de la Gendarmerie royale du Canada s’efforcent ainsi de maintenir les contrôles routiers et de mettre en garde le public au maximum. « On essaie de sensibiliser du mieux qu’on peut pour que les joueurs ne jouent pas lorsqu’ils sont au volant ou sur une bicyclette », raconte Hugo Lévêque. L’agent a également insisté sur le fait qu’il ne faut pas s’approcher des locaux de police, de la caserne des pompiers ou de l’Hôpital Stanton à cause des risques d’obstruction en cas d’urgence. « On pourrait perdre un temps précieux ou quelqu’un pourrait être renversé. » Avant même d’aborder la question psychologique de la dépendance et d’autres dérives liées à la plongée entre le monde réel et le monde fictif, on voit à quel point le jeu peut poser problème.
Toutefois, il est bon de rappeler que le concept n’est pas sans intérêt, car il engage les jeunes à explorer et à prendre contrôle de leur environnement.