Les Sahtúot’ine, Dénés de la région du Sahtu, ont vécu sur les berges du Grand lac de l’Ours depuis des temps immémoriaux. S’ils ont survécu grâce aux ressources naturelles qu’ils trouvaient dans cet écosystème qui touche le cercle arctique, ils en ont aussi souffert depuis le siècle dernier.
Quand les blancs ont « découvert » la « roche dangereuse » de la baie Echo, ils l’ont exploité et ont construit Port Radium sur la côte est du Grand lac de l’Ours. Le radium pour la médecine dans les années 30 puis l’uranium pour l’arme atomique dans les années 40 et 50, finalement l’argent jusqu’en 1982.
Selon les Dénés, celui surnommé « le grand-père » par la collectivité de Fort Franklin (Déline) avait rêvé que quelqu’un viendrait creuser cette roche pour ensuite faire du mal dans un lieu éloigné. Etseo Ayah qui est mort en 1941, avait donc prévu Little boy et Fat man, les premières bombes atomiques offensives de l’humanité.
Plusieurs générations passent, et les résidents de Déline profitent encore des enseignements d’Ayah. Ils ne font qu’un avec leur environnement et malgré les tragédies et les séquelles, ils veulent s’assurer de pourvoir transmettre le meilleur aux futurs Sahtúot’ine. C’est ce que Tsà Tué peut faire! Cette réserve de biosphère qui enchâsse déjà les deux aires protégées du lieu historique national du Canada Sahoyúé–Ehdacho, va perdurer aussi longtemps que l’UNESCO.
Ces jeunes pourront dire, mon grand-père a travaillé pour établir ou maintenir la réserve, alors qu’avant les jeunes disaient, mon grand-père a travaillé à Port Radium sans en connaître les dangers et je n’ai pas connu mon grand-père mort du cancer.
Il y aura peut-être des bénéfices économiques découlant de cette réserve boréale, mais le bénéfice ultime de cette communauté reste leur décision d’aller de l’avant et de transmettre le meilleur.