Il fallait bien la construire cette route, non? Enfin, les trois océans canadiens seraient connectés par le réseau routier.
Plus de raison de ne pas inclure l’océan arctique dans notre devise simpliste : d’un océan à l’autre. La pittoresque collectivité inuvialuite de Tuk avec son frigo communautaire, ses pingos… et son potentiel port en haute mer pour distribuer vers l’international des ressources pétrolifères et gazières accueillerait, été comme hiver, les touristes en véhicule récréatif.
Elle est construite, elle sera inaugurée dans les temps en 2017, et ensuite il faudra la maintenir. La question reste à savoir quel sera l’intervalle de temps, entre deux réparations. 5 ans, 10 ans, 15 ans?
La route Inuvik-Tuktoyaktuk traverse une zone de pergélisol continue. Cette zone de sol gelé en permanence est déjà à risque avec l’escalade des changements climatiques.
Mais c’est la route elle-même qui sera l’élément le plus destructeur de son propre substrat. Croyez-le ou non, c’est l’hiver que la route produit un des effets les plus néfastes au pergélisol : la neige qui s’accumule au niveau du remblai qui borde la chaussée.
Par le déneigement ou l’accumulation soufflée par le vent, la neige va agir comme une couche isolante contre des températures qui propagent la glace en profondeur. Cette neige entassée va également fondre, s’infiltrer et accentuer le dégel du pergélisol.
Je ne sais pas comment ils achemineront les ressources naturelles vers l’Asie, mais s’ils utilisent la route pour rejoindre le port de Tuk, nous allons devoir investir énormément pour qu’elle reste praticable longtemps.
Finalement, route ou non, la traversée du Delta du Mackenzie restera pleine de méandres.