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le Jeudi 30 mars 2017 15:01 | mis à jour le 20 mars 2025 10:40 Économie

Budget 2017 Pas de système de garde ni de réduction des frais

Budget 2017 Pas de système de garde ni de réduction des frais
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La ministre du Patrimoine Mélanie Joly a prévu que 2018 serait l’année de la francophonie moyennant un nouveau plan sur les langues officielles. En attendant, le budget du ministre Bill Morneau du 22 mars déçoit : pas de nouvelles initiatives pour le milieu minoritaire, sauf des demi-mesures pluriannuelles qui annoncent la continuité d’une tiédeur déplorée lors de consultations fédérales.

« Si on cherche un signe de l’importance que le gouvernement accorde à la francophonie et à la dualité linguistique, déclare la vice-présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, Audrey LaBrie, ce n’est pas dans ce budget qu’on le trouvera. »

Le ministre des Finances Bill Morneau a notamment prévu des investissements de 7 milliards en 10 ans qui permettraient de créer 40 000 places en garderie d’ici 2021. « Que la petite enfance soit à l’ordre du jour est une bonne nouvelle, assure la directrice générale de l’Association francophone à l’éducation des services à l’enfance de l’Ontario, Martine St-Onge. Mais ça fait 700 millions par année partagés entre 13 provinces et territoires. Et même si on crée de nouvelles places, ça ne veut pas dire que les familles pourront en profiter. »

Les frais de garde sont prohibitifs, surtout en Ontario où ils sont les plus élevés, soit 1650 $ par enfant par mois à Toronto, comparativement à 164 $ au Québec et à la moyenne nationale de 975 $. Relevons que le système québécois est universel. En Ontario, les familles à faible revenu reçoivent un soutien qui ramène la facture à 90 $. « On a beaucoup entendu parler d’un cadre fédéral, ajoute Martine St-Onge, on est dans une juridiction provinciale. Ce ne sera pas un système de garde universel et on ne réduira pas les frais payés par les parents. »

Le budget n’aide pas les femmes, selon le Centre canadien des politiques alternatives. Le pays compte 275 000 femmes travaillant à temps partiel et restant au foyer, soutient-il, incapables de payer des frais de garde. Elles attendent depuis des décennies un programme comme celui du Québec.

La Fédération des femmes de la francophonie canadienne est satisfaite que le budget ait été soumis à l’Analyse comparative entre les sexes. « Nous espérons que le gouvernement maintiendra sa promesse concernant les services de garde et d’éducation à la petite enfance, a noté la présidente Ngo Tona, afin de permettre aux femmes et à leurs familles d’accéder à des services essentiels en français. » 

Le budget comprend également un investissement de 80 millions sur 10 ans dans les infrastructures éducatives des communautés de langue officielle en situation minoritaire, comme les services à la petite enfance, les centres culturels ou communautaires.

La Fédération culturelle canadienne-française se réjouit de cette mesure. « Non seulement le gouvernement remplit-il des promesses faites dans le passé, affirme le président Martin Théberge, mais il reconnait que nos communautés ont besoin
d’espaces pour vivre en français, qui appuient le développement culturel de nos communautés et les artistes qui y participent. »

La FCFA regrette toutefois que l’enveloppe soit « terriblement maigre », comme le précise Audrey LaBrie. « Huit millions par année à l’échelle du pays, c’est très, très loin de suffire quand on pense qu’une école peut couter 15 millions ».

L’organisme déplore l’absence de mention du futur plan pour les langues officielles et de la dualité linguistique relativement au 150e anniversaire de la Confédération. « Ce sont là des messages symboliques qui ne coutent rien et ils n’ont pas été lancés, estime la vice-présidente. C’est très décevant pour les francophones qui ont été si nombreux à participer aux consultations l’an dernier. »