Mesures incitatives, programmes et stratégies pour favoriser le secteur manufacturier aux Territoires.
Quels sont les principaux investissements à réaliser pour soutenir le secteur manufacturier ténois? Quels obstacles nuisent au développement de marchés par les entreprises locales? Comment stimuler l’innovation et attirer les travailleurs qualifiés? C’était quelques-unes des questions posées à la population lors de séances de consultation sur la stratégie manufacturière des Territoires du Nord-Ouest par le ministère de l’Industrie, du Tourisme et de l’Investissement (ITI).
Selon les chiffres fournis par le ministère, 140 personnes travaillaient directement ou indirectement dans le secteur manufacturier ténois en 2015. L’année précédente, le revenu estimé de ce secteur se chiffrait à 35 M$. On fabrique ici, entre autres, des enseignes, des structures modulaires, des armoires et des fenêtres. Le gouvernement travaille à faire croître le créneau manufacturier, créneau pris au sens large et comprenant par exemple l’artisanat et l’agroalimentaire. Il a identifié les potentiels et différents programmes pour l’appuyer.
Interrogations
Trois entrepreneurs se sont rendus à l’Hôtel Explorer de Yellowknife le 16 novembre dernier pour la sixième et dernière séance de consultation du ministère. Les membres de la Chambre de commerce locale et les manufacturiers inscrits à la Politique sur les produits fabriqués aux TNO ont été rencontrés antérieurement.
« En tant qu’innovateur et que manufacturier potentiel, dit Peter Houweling, directeur gérant de l’entreprise de gestion des déchets Kavanaugh Brothers, ma préoccupation principale est de savoir à quel prix nous essayons de promouvoir la production locale. Paie-t-on plus cher pour acheter un produit parce qu’il crée deux emplois ici? » M. Houweling a également demandé s’il y aurait des mesures incitatives fiscales ou des programmes pour appuyer la réduction de déchets, de l’empreinte écologique. Le consultant Frans Barnard lui a répondu que le ministère allait se pencher sur la question, mais que pour l’instant, étant donnée la taille du secteur, ce n’était pas une priorité.
Puisqu’il a été question d’innovation, l’homme d’affaires Sean Erasmus a questionné l’équipe du ministère sur les procédures de reconnaissance des brevets dans le domaine de la mécanique. « Dans ce domaine, a répondu l’inventeur et consultant Glenn Brophey, c’est la fabrication de l’objet qui fait loi. » Lui-même a perdu ses droits exclusifs sur une invention pour le domaine minier. « 93 % des manufacturiers dans le domaine mécanique ne mettent pas d’argent dans le domaine des brevets, a-t-il affirmé. » M. Brophey considère que les imprimantes 3D, bientôt plus rapides et plus accessibles, joueront un grand rôle dans des régions éloignées comme les Territoires; elles pourront pallier aux frais et au temps de transport de pièces par exemple.
Défis
Les entraves à la croissance d’une industrie manufacturière locale étaient, pour certaines, assez faciles à identifier. Le créateur du site Open NWT, David Wasylciw, a bien sûr parlé des coûts de l’électricité, du chauffage et de l’Internet. Il a aussi mis en relief l’absence d’écoles postsecondaires et, pour le privé, la difficulté de rivaliser avec les salaires versés par le gouvernement ténois. L’ancien candidat à la députation de Frame Lake considère en outre que le gouvernement subventionne surtout la consultation et pas assez la production.
Le directeur général du Conseil de développement des Territoires du Nord-Ouest Antoine Gagnon a quant à lui souligné l’absence de main-d’oeuvre spécialisée.
Au cours de la tournée de consultation à travers les territoires, M. Barnard a entendu maintes fois que l’accès à du terrain était un défi pour l’expansion du secteur manufacturier ; il est aussi patent que les compagnies qui n’ont pas l’opportunité de fournir le gouvernement nécessitent des attentions particulières.
L’ensemble des commentaires récoltés sera ultérieurement disponible puis, en 2018, le gouvernement des Territoires rendra publique sa stratégie manufacturière.