Aux débuts de notre ère, période dans laquelle l’Empire romain domine toutes les régions de la mer Méditerranée, la musique de la scène de l’Antiquité trouve sa splendeur dans les théâtres, amphithéâtres et odéons de Rome.
Le rayonnement de Rome reçoit les lumières artistiques des peuples de l’Antiquité, polarisées par deux cités : Alexandrie et Athènes. Alexandrie avait été fondé au quatrième siècle av. J.-C par Alexandre le Grand dans le delta du Nil et à sa confluence à la mer Méditerranée. À partir de leur fondation, elles reçoivent progressivement les courants artistiques et littéraires de l’Égypte et la Grèce et deviennent le port principal du commerce du papyrus, nécessaire à l’écriture. Une des plus belles descriptions de sa période d’apogée culturelle et musicale est faite par Plutarque, historien romain, qui en parlant de Cléopâtre, décrit ses déplacements dans une barge à la poupe d’or, aux voiles pourpres, aux rames d’argent glissant sur l’eau au rythme des flûtes, harpes, luths et autres instruments. Athènes rayonne à partir de ses festivals musicaux, le théâtre et la littérature.
Trois facteurs principaux propulsent la musique de la scène à Rome. D’abord le développement de la littérature latine marqué par les écrits de Plaute (théâtre), Cicéron, Julius César, Quintilien, Titus Livius, Seneca (histoire et rhétorique) Virgile, Horace, Ovide, et Vitruve (architecture). Puis, la construction des grandes infrastructures théâtrales comme les théâtres, amphithéâtres et odéons dans lesquels la pantomime introduit plusieurs instruments musicaux comme partie de ses spectacles. Enfin, la création des écoles d’enseignement musical et la croissance du nombre de professeurs privés.
Être musicien (musici) est une profession reconnue par Cicéron au même titre que géomètre et grammairien. Bien qu’il y ait de nombreux professeurs privés, souvent des esclaves affranchis, qui enseignent aux enfants des familles de patriciens; ils ont aussi des écoles structurées par des équipes de professeurs, telles que la Scola Tibicinum dans lesquelles les étudiants apprennent l’art de la tibia, les écoles Fidibus Canere où on enseigne à jouer des instruments à cordes tel que la cithare et la lyre, et les écoles militaires dans lesquelles les tibicines bucinatores cornicines et leticines apprennent à maitriser les signaux et mélodies militaires. La cithare romaine et grecque est valorisée par ses propriétés acoustiques capables de reproduire plusieurs octaves musicales, et la tibia par ses harmonies entre ses deux flutes.
L’enseignement est oral, l’apprentissage de la notation musicale écrite est réservé à une élite des musici qui étudient la théorie et philosophie de la musique héritée de la Grèce.
L’auteur anime Trésor de la musique classique,
le dimanche et le mercredi à 21 h sur les ondes de Radio Taïga.