Les Jeux du Slave Sud renforcent l’esprit de la communauté et démontrent ses capacités.
Deux fois seulement dans l’histoire des Jeux d’hiver de l’Arctique (JHA), des municipalités se sont associées pour être hôtes de l’événement. Chaque fois, Hay River fut de cette exception. Un travail de cobaye, et peut-être de précurseur, selon le président des Jeux d’hiver de l’Arctique du Slave Sud, Greg Rowe.
« Nous ne pouvons pas lutter avec Whitehorse, Yellowknife, et ces gros centres, s’exclame M. Rowe à propos des JHA2018, mais nos matchs étaient spéciaux, on voyait les athlètes sourire et avoir du plaisir. Les enfants ont compétitionné dans des places petites, mais bien remplies. On a entendu de belles choses aux rencontres des chefs de mission, qu’il y avait quelque chose de plus dans nos connexions avec eux, dans nos communications. »
Il y a 40 ans déjà, Hay River avait joué la carte du partenariat pour être, avec le défunt village de Pine Point, l’hôte des Jeux. Le chemin de fer avait servi, cas unique, à relier les deux collectivités. De manière plus anecdotique, lors des JHA2000 de Whitehorse, les parties de hockey avaient lieu à Haines Junction.
Grâce à l’échec
Selon Greg Rowe, si le Comité international des JHA a accepté de faire une exception à sa règle voulant que les athlètes soient hébergés dans une seule collectivité, et que le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest a appuyé la candidature de Fort Smith et de Hay River, c’est grâce à l’échec de 2003. Cette année-là, Yellowknife avait été préférée à Hay River pour l’obtention des Jeux de 2008. « Nous n’avions pas réussi, dit-il, mais je pense que c’est pour ça [..] que nous sommes ici aujourd’hui. Nous avions montré au Comité que s’il changeait de petites choses dans ses exigences, nous pouvions faire quelque chose de différent, d’unique et d’original. »
Greg Rowe postule que l’enthousiasme et l’excitation montrés par Fort Smith et Hay River lorsqu’ils ont reçu des représentants des JHA lors du processus de soumission ont achevé de les convaincre. Cette énergie a perduré lors du défilé à l’ouverture des Jeux, alors que la population de Hay River était massée le long de la rue principale pour recevoir les athlètes et que, rappelle Greg Rowe, les enfants faisaient des « high five » aux athlètes. « Tu n’aurais pas ça dans un grand centre, assure l’ancien médaillé des Jeux en hockey et en patinage. »
L’originalité à laquelle le président des JHA du Slave Sud réfère, c’est, par exemple, d’avoir transformé, avec succès, un garage en arène de lutte. L’extraordinaire n’est pas toujours où on l’attend. M. Rowe rappelle qu’à Haines Junction, en 2000, des tentes servaient de vestiaire pour les joueurs de hockey. « En ouvrant le rideau de notre tente, dit-il, on voyait la neige sur la cime des montagnes, c’était époustouflant! Les jeunes ont eu le ulu d’argent, ils ont perdu l’or en surtemps en comptant dans leur propre but. Mais ils parlent encore de leur vestiaire dans la tente! »
M. Rowe considère que si les Jeux de 2018 laissent des souvenirs aussi forts à ceux qui y ont participé, la mission des organisateurs aura été réussie. Il souhaite aussi que les Jeux du Slave Sud servent de jalon, de modèle pour de futurs jeux se déroulant à plusieurs endroits. Il faudra voir. Le président du Comité international, Jens Brinch, aurait déclaré à Radio-Canada que la tenue des Jeux simultanément à deux endroits posait des défis logistiques, mais que d’un autre côté, l’abandon de cette option condamnait l’organisation à se confier aux mêmes « grands centres ».
L’épine dorsale
Yellowknife et Ottawa auraient respectivement investi 3,5 M$ et 1,5 M$ dans les Jeux. 2,56 M$ seraient venus des commanditaires, rapporte le président des Jeux du Slave Sud, qui souligne qu’étant donné la faible population de la région, le marchandisage a généré moins de revenus. Pour lui, l’épine dorsale de l’événement reste le bénévolat : « Nous avions besoin de 1300 bénévoles, nous en avons eu près de 1600, qui ont mis des heures et des heures. »
Une quarantaine de comités ont été érigés, certains bénévoles ont œuvré durant deux ans pour cette semaine de jeux.
Le maire de Hay River, Brad Mapes, a fait l’apologie de Greg Rowe et des bénévoles. « Il y a eu tellement de participation de la communauté des bénévoles, souligne-t-il. Ils ont travaillé de longues heures et ils ont amené des gens de leur famille résidant à l’extérieur. D’anciens habitants de Hay River sont aussi venus aider. Je suis fier d’eux. »